*chapeau*
Cette pièce est entièrement chantée, chaque couplet reprenant un air connu différent. Il s’agit d’une parodie de Kean, ou désordre et génie, la pièce de Dumas qui venait de sortir et remportait un grand succès (voir la fiche sur le Kean original et sa version réécrite par Jean-Paul Sartre). Kinne s’adresse manifestement à un public qui connaît parfaitement la pièce originale. Cette «variété en 99 couplets» est en effet truffée d’allusions au théâtre où se joue Kean, aux acteurs, etc… Un passage fait directement référence à Dumas: (Air : De Marianne) (Air : Entendez-vous le son de la musette) Les deux «pères de Kean que l’on ne nomme pas» sont Théaulon et de Courcy, qui revendiquaient une première version de la pièce. Si la formule de la parodie chantée des grands succès théâtraux est courante, Kinne présente une particularité inhabituelle : celle de suivre de bout en bout son modèle (au lieu de s’en tenir à quelques scènes clés caricaturées à grands traits). Le déroulement de Kinne reproduit donc de très près celui de Kean. Mais si l’histoire est identique, le style change évidemment du tout au tout. Le beau style et les idées élevées sont abandonnés au profit de la gouaille parisienne. Les grands sentiments font place à des considérations beaucoup plus concrètes: face à Kean qui lui dit son bonheur de la regarder, Elena s’impatiente: «Est-ce là, se d’mand’ la comtesse, Un thème récurrent de la parodie consiste à se moquer des goûts de Kean qui, plutôt que de céder aux avances de la très jeune et très jolie Anna, lui préfère la comtesse Elena, d’âge mûr (voir extrait ci-dessous). La pièce rend d’ailleurs hommage à l’actrice Atala Beauchêne, qui jouait le rôle d’Anna lors de la création de Kean, en affirmant avoir vu: «un jeune arbre dont l’ombrage et lui lance que si «de bons rôl’s on t’arrose Sans doute très enlevé, avec son enchaînement ininterrompu de chansons, ce spectacle devait certainement faire beaucoup rire le public qui venait de voir la pièce de Dumas. A voir également, The regal box, version romanesque de la pièce de théâtre.
(dialogue où Kean cherche à dissuader le prince de Galles de s’intéresser lui aussi à Elena) (Air : Heureux habitants) |