*chapeau*
Comme le titre l'indique clairement, ce roman est un «remake» au
premier degré du Comte
de Monte-Cristo. En 1870, un riche
joaillier de New York, Harry Trent, est assassiné. Les soupçons
se portent très vite sur Kepple Darke, un artiste qui voudrait épouser
Olympia Raven, jeune nièce désargentée de Trent. Or,
ce dernier passe pour vouloir lui aussi épouser Olympia, et se serait
donc opposé au mariage entre les deux jeunes gens. Drake est jeté en
prison.
En parallèle, le récit s'intéresse à Napoléon
III. A la veille des événements de 1870, celui-ci, soucieux
de préparer son avenir si les choses tournaient mal, confie à un
soldat fidèle une malle bourrée de joyaux: c'est le
trésor secret des rois de France, accumulé au cours des siècles,
et transmis de souverain à souverain. Le vieux soldat est chargé de
convoyer secrètement cette fortune fabuleuse à New York,
où Harry Trent se chargera des pierres précieuses.
Kepple Darke passe en jugement, est condamné. Mais le train qui
l'emmène au pénitencier déraille, son escorte et de
nombreux passagers sont tués: il s'enfuit, en ayant maquillé le
cadavre d'un voyageur pour faire croire à sa propre mort. Dans sa
fuite, dans la région de New York, il tombe sur une masure où agonise
le porteur du trésor de Napoléon III, qui a attrapé la
fièvre jaune pendant son voyage. Il récupère la fortune
et disparaît. Au même moment, il apparaît que Trent était
secrètement marié à une de ses anciennes amies, Sally
Matchin. Celle-ci hérite donc de la fortune du joaillier.
Deux ans plus tard, un milliardaire d'origine française, le comte
Lucien de Lisle, s'installe à New York. Il engage comme homme de
confiance Thomas Banwick, l'avocat intègre et désintéressé qui
avait défendu Kepple Darke et qui a depuis recueilli Olympia, privée
de tout moyen de subsistance par la mort de son oncle Trent.
Le comte de Lisle, qui n'est autre, bien sûr, que Darke - mais que
personne ne reconnaît! - achète la maison de Trent à sa
veuve Sally Matchin et en fait une demeure propre à éblouir
tout New York. Au cours d'une fête somptueuse, il s'arrange pour évoquer
le meurtre de Trent et fait comprendre à Sally Matchin qu'il l'a
percée à jour: c'est elle qui a tué le joaillier
et qui a fabriqué de faux papiers de mariage pour s'approprier la
fortune de celui-ci. Le comte engage notamment pour l'aider un certain
Alonza Garcia, ancien complice de Sally, qui a été trahi
par celle-ci et veut lui aussi s'en venger.
Tout semble favoriser les projets du comte: il a la fortune, le
pouvoir, des alliés, alors que Sally est à peu près
seule. Mais cette dernière a de la ressource: elle séduit
Garcia et le convainc de l'aider à nouveau. Si bien que le jour
même où le comte doit épouser Olympia - qui l'a finalement
reconnu - elle enlève la jeune fille.
Le comte perd alors tous ses moyens... Désespéré,
il accepte toutes les conditions posées par Sally pour récupérer
Olympia: il signe des papiers lui transférant la totalité de
sa fortune. Mais, coup de théâtre final: Garcia se révolte
de nouveau contre Sally, la tue, détruit les papiers signés
par Darke. Ce dernier pourra finalement vivre heureux et riche avec Olympia.
An American Monte Cristo, on le voit, suit assez fidèlement
la trame de son modèle, mais de la façon la plus superficielle
qui soit. Drake est victime d'une grave injustice, mais pas d'une trahison
par des proches. Son emprisonnement ne dure que le temps de son procès,
c'est-à-dire quelques semaines! Sa disparition ne dure que
deux ans - ce qui rend assez incompréhensible le fait que personne
ne le reconnaisse. Et sa transformation ne comprend aucune dimension spirituelle
ou intellectuelle, comme celle de Dantès sous l'influence de l'abbé Faria:
il se contente de devenir richissime, ce qui, dans la perspective d'un «Monte-Cristo
américain» est peut-être après tout le
seul changement qui vaille...
Dépourvu de toute profondeur, le récit se lit malgré tout
plutôt agréablement, étant convenablement écrit
et bien mené. Mais la fin est franchement bâclée. D'abord
parce que l'effondrement moral du comte quand sa fiancée est enlevée ôte
toute crédibilité au personnage, qui se révèle
incapable de lutter. Et enfin parce que le happy end final est totalement
artificiel.
Extrait du volume II, chapitre 2 Speculations
Society in New York and Count Lucien de Lisle agreed very well with one
another that winter. In these later times we are become somewhat cautious
and sceptical in our dealings with eminent foreigners whom we have never
heard of until they turn up in Fifth Avenue with a romantic and dazzling
autobiography, and with some mysterious magnetism which ends by attracting
the precious metals out of our pockets, after which the high-born enchanter
vanishes. We no longer embrace this kind of people so impetuously as we
did. But, though it may be difficult to distinguish between good paste
and a diamond, we all recognise the diamond itself when we see it. A charlatan
may make us doubt, but a true man carries conviction with him.
Count Lucien was no charlatan; the keenest critics were agreed as to that.
His manners were good, without being too good; his refinement was instinctive,
and there was a touch of soldierly sternness in him that gave his bearing
weight and distinction. He spoke little about himself, and never blew his
own trumpet; but he evidently expected to be treated with consideration,
and would know perfectly how to assert himself upon occasion. His standing,
however, was that of a quiet and rather reserved gentleman, desirous to
be on kindly terms with good people, and conscious, it might be, that he
could give them as much at least as they could give him. These qualities
would have made him acceptable in society; but his wealth rendered his
position unique, and, in spite of the impossibility of such a thing as
American snobbery, it put some queer modification into the spectacles of
those who came in contact with him. Few spoke of him or thought of him
exactly as they would have done if he had been a man of ordinary fortune.
He actually had the money--that was the strange feature. The rumour ran
that he was keeping three or four millions on deposit at several New York
banks. The rumour was investigated, and resulted in the discovery that
the millions in question were indeed there, but they were millions, not
of dollars, but of pounds sterling. News came from Boston and Philadelphia
that there was as much more to his credit in those cities. It leaked out
that the great London and Westminster Bank, in London, was paying Count
de Lisle dividends on eight million pounds. But these vast sums were but
the fringes of the Count's fortune. He was a large investor in real estate
and lands; indeed, a wag started the story that he had purchased all of
Manhattan Island below Canal Street, with its buildings and inhabitants,
but this proved to be an over-statement Such fantastic exaggerations are
merely illustrations of the impossibility of conceiving really great wealth.
A million--ten millions --hundreds of millions--the mind cannot grasp the
idea of such sums in relation to any single owner; one seems practically
about as good as another; and in the effort to bring them within the bounds
of comprehension we give way to jests and fairy-tales. Was Count de Lisle's
income twenty-five thousand dollars a day--or more? |