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Nous n’avons en notre possession qu’une édition en espagnol, titrée La señorita Montecristo, de ce long roman (volume grand format aux pages composées sur deux colonnes). L’auteur y est nommé Carlos Solo, mais la lecture montre qu’il s’agit bien évidemment d’un texte français à l’origine. Les recherches effectuées par le spécialiste Robert Plunkett font apparaître que le vrai nom de l’auteur est Charles Solo, un écrivain belge (1868-1919) spécialisé dans les romans patriotiques. Mam’zelle Monte-Cristo a été publié en feuilleton dans plusieurs quotidiens, très curieusement sous des noms différents : Les millions de Zézette en 1907 dans La Liberté (journal suisse), Mam’zelle Monte-Cristo en 1908 dans Le Nord, Les diamants rouges en 1930 dans Le Journal de Roubaix

Ce roman est un exemple typique de récit d’aventure tentant de «récupérer» le nom de Monte-Cristo pour faire vendre. Ce qui ne veut pas dire que le livre n’a aucun mérite, mais que le rapport avec celui de Dumas n’est pas prédominant.

L’histoire se situe pour l’essentiel en Afrique du Sud. Elle commence en 1888, quand un colon français, M. Josselin, d’un naturel bon et généreux, est choisi par un vieux Noir comme «héritier» d’un trésor caché. Dernier descendant d’un empire indigène disparu, le vieux sage ne croit plus à la restauration de son peuple. Il décide donc de faire cadeau d’un immense trésor de diamants à M. Josselin, pour qu’il constitue la dot de sa fille Lise, alors enfant (!). Malheureusement, deux colons anglais, les infâmes frères Blackbaern, aidés d’un Français renégat, convoitent le trésor.

Poursuivi par ces derniers, M. Josselin est obligé de cacher les diamants sur place, au fond d’une rivière, avant d’aller se réfugier à Paris avec sa fille.

Douze ans plus tard, en 1900, il meurt dans la capitale française, non sans avoir confié à Lise le secret du trésor. Celle-ci demande l’aide de trois jeunes gens amis de son père pour partir à la recherche des diamants.

Mais leurs trois ennemis veillent. Les frères Blackbaern ont entre temps prospéré et sont devenus, sous un autre nom, de grands banquiers à New York. N’ayant pas renoncé aux diamants, ils ont maintenu la famille Josselin sous surveillance. Et ils apprennent aussitôt le projet d’expédition en Afrique du Sud monté par Lise et ses amis.

Ils s’arrangent pour attirer Lise et un de ses compagnons à New York où ils kidnappent la jeune fille. Après toutes sortes de péripéties, les jeunes Français se lient avec un milliardaire neurasthénique qui assurera désormais le financement de leur expédition.

La petite bande (les quatre Français, le milliardaire, etc…) se retrouve en Afrique du Sud, où elle arrive en pleine guerre des Boers – honnêtes, vaillants et courageux – contre les Britanniques – fourbes et cruels. N’écoutant que leurs cœurs de Français épris de liberté, ils se joignent à l’armée Boer pendant plusieurs mois.

Ils arrivent enfin près de la cachette du trésor et le récupèrent. Mais leurs ennemis sont toujours aux aguets et s’en emparent. Re-péripéties: les trois affreux meurent, Mademoiselle Monte-Cristo récupère ses diamants et tout le monde rentre en France.

 

Pourquoi le roman s’appelle-t-il Mam’zelle Monte-Cristo? Essentiellement parce que les trois jeunes gens qui viennent à l’aide de Lise sont frappés par le caractère romantique de son histoire: les manigances qui l’ont privée de sa fortune, la puissance de ses ennemis, la perspective d’un trésor à retrouver. Toutes choses qui les amènent à la surnommer «Mademoiselle Monte-Cristo» (voir extrait ci-dessous).

L’intrigue elle-même, en revanche, a assez peu de rapports avec celle de Dumas. On peut noter une inversion très nette vis-à-vis du Comte de Monte-Cristo: l’histoire commence par la découverte du trésor (et le vieux sage Noir a bien des points communs avec l’abbé Faria). La trahison/l’injustice viennent ensuite et consistent précisément à priver l’héroïne de son trésor.

Parmi les autres éléments qui viennent de chez Dumas, on peut relever aussi la transformation des colons anglais en riches banquiers new-yorkais, qui évoque l’ascension sociale de Morcerf et Danglars. Pour le reste, l’intrigue est très différente, l’ensemble constituant un roman d’aventures très honorable.

Merci à Robert Plunkett pour les informations qu’il nous a communiquées.

 

Extrait de Segunda parte – Un drama en New-York, chapitre 3

Pero lo que por encima de todo les interesó fue la figura de la jovencita de la cual acababan de constituirse en protectores, que decía era tan bella y que estaba dispuesta á emprender bajo su égida, una expedición ante la cual hubiesen retrocedido muchos hombres.               

Los jóvenes no titubearon ni un segundo; pertenecían á esa categoría de valientes que metidos en el ruido banal de la vida, viven sin inquietud, pero cuyo heroísmo no espera sino una ocasión para imponerse.

Era tal su entusiasmo que ni en Arístides ni en el repórter se despertó ese instinto profesional que dormita en el alma de cada cual.

El uno no pensó que la historia del señor Josselín le daba materia para una crónica que le colocaría de un golpe entre los maestros del reporterismo; el otro no pensó que este drama, puesto en escena haría, por lo menos durante tres meses, que se llenase el teatro todas las noches.

—¿Es, pues, muy bonita ésa, señorita Zezétte?— dijo sencillamente Galimard.

—¡Bella! ¡Ah! ¡si! ¡bella, divinamente bella!... ¡mas bella que las divinidades fabulosas del Olimpo! ¡más bella que los ángeles del cielo! ¡más aún que el amor!

—¿Y rica?

—Más rica que una reina de Golconde. Sus diamantes escondidos en el Sabi valen ochenta millones.

—¡Ochenta millones, pero esto es un cuento de las mil y una noches, una aventura á lo Montecristo!

—¡Y dónde dejáis los hermosos papeles que nos están reservados!... Porque vosotros aceptáis, ¿no es esto?

Los tres jóvenes se detuvieron.

El repórter y el empresario cogieron cada uno una de las manos de La Bastide.

—No habrás dudado en ningún momento, supongo, y has debido decirle al señor Benito—dijo Eustaquio.

—¡Le he dicho que podía contar con nosotros! ¡que aceptamos la empresa! ¡que en adelante seremos los defensores, los sirvientes, los esclavos de su hija y que antes dejaremos allí la vida que no devolverla su herencia!

—¡Has hecho bien! Estamos solos y no tenemos más familia, ni más afecciones sinceras. Uniremos nuestras fuerzas y nuestras voluntades y nos pondremos al servicio de la empresa que abrazamos en común.

—¿Está jurado?

—¡Jurado por la vida y hasta la muerte!

Y Arístides Lavignette cuyo carácter alborotador le llevaba hasta la exageración y sentía necesidad de manifestar su entusiasmo, tiró su sombrero á la altura de un segundo piso, lo recogió con la destreza de un «clown» y gritó por tres veces:

—¡Hip! ¡Hip! ¡Hurra por la señorita Montecristo!

 


 

*bandeau*