*chapeau*
Ce volume est apparemment le dernier de la série
des Drames de Londres, qui comprend, d'après
le dos de couverture:
Les Drames de Londres
La Taverne du Diable
Les Frères de la Résurrection
Les Mystères du Cabinet noir
Les Malheurs d'une jeune fille,
Le Secret du Ressuscité
Le Fils du Bourreau
Le nouveau Monte-Cristo
Il est difficile, avec cette lecture parcellaire, d'appréhender
l'ensemble de l'oeuvre, mais celle-ci semble être le mélodrame
classique: multitude de personnages, rebondissements invraisemblables,
coïncidences incessantes...
Les intrigues de ce volume portent notamment sur un riche héritier
que d'infâmes débauchés cherchent à
ruiner au jeu, la réapparition de cadavres oubliés,
le châtiment d'un affreux criminel...
En filigrane figure un personnage qui est sans doute le "nouveau
Monte-Cristo" du titre, même s'il n'est jamais nommé
ainsi: Richard Markham, prince de Montoni. Son histoire n'est
pas racontée dans ce volume, mais l'on comprend qu'il
a traversé de terribles épreuves, qu'il est devenu
prince, qu'il est fort riche. Sa bonté est proverbiale
et il déploie une énergie et un argent considérables
à aider les malheureux.
Guère convaincant en l'état, le livre tient plus
d'un Mystères de Paris de deuxième
ordre que du Comte de Monte-Cristo.
Extrait du chapitre 14 Dernier dîner chez Egerton
La porte qui communiquait avec la salle à manger s'ouvrit
tout à coup, et l'individu qui apparut alors s'élança
sur Cholmondeley, lui fit lâcher Egerton et le jeta à
l'autre bout de l'appartement.
- Le prince de Montoni!... s'écria Harborough en se précipitant
vers la porte suivi de Chichester.
Mais le Prince s'élança au-devant d'eux, et le
dos appuyé à la porte il s'écria:
- Personne ne passera ! M. Egerton, prenez ces dés.
Dunstable courut vers la table sur laquelle étaient les
dés, mais Egerton les tenait déjà. En même
temps Richard ferma la porte et mit les clés dans sa poche.
Quand ce serait un roi, s'écria Cholmondeley, qui avait
entendu les mots prononcés par le baronnet, je le punirai
de sa conduite envers moi.
Et le Colonel s'avança d'un air menaçant vers le
Prince.
- Prenez garde, monsieur, ne me touchez pas du doigt, cria Richard,
faites un pas de plus et je vous étends à mes pieds.
Le Colonel murmura quelques mots et battit en retraite vers la
porte à deux battants qui communiquait à la salle
à manger ; mais là son chemin fut intercepté
par deux solides gaillards négligemment vêtus, et
deux domestiques de Richard, en grande livrée.
- Ne laissez passer personne, Whittingham, dit le Prince, avant
que nous n'ayons fini notre affaire.
- Non, monseigneur, répondit le vieux sommelier, qui était
un des hommes vêtus négligemment; et après
avoir donné les mêmes instructions aux deux domestiques
en livrée, Whittingham s'écria à haute voix:
- Faites bien attention, mes gaillards, que, sous aucun prétexte,
vous ne devez laisser échapper ces infâmes gueux
d'Harborough et d'Axminster.
- Que signifie cette conduite, demanda Dunstable au Prince, et
de quel droit nous retenez-vous ici prisonniers?
- Oui, de quel droit? répéta Cholmondeley en s'avançant
de nouveau.
- Du droit qu'a tout honnête homme de démasquer
des coquins sans principes qui se sont ligués pour voler
et dépouiller un jeune homme sans expérience, répondit
Richard d'un air sévère. M. Egerton, donnez moi
ces dés.
Egerton obéit sur-le-champ, et l'autre fort gaillard en
vilains habits s'avança dans la chambre.
A leur grande épouvante, Harborough et Chichester reconnurent
immédiatement Pocock qui ne fit pas attention à
eux, mais qui tira de sa poche une scie très fine et il
se mit à couper en deux parties un des dés que
lui passa Richard. Les quatre aventuriers devinrent pâles
comme la mort et échangèrent des regards d'effroi.
- Regardez, M. Egerton, dit le Prince en examinant le dé
scié en deux, vous voyez maintenant comment vos amis pouvaient
vous voler. Dieu merci, je ne suis pas au courant de tous les
affreux moyens des escrocs, mais un enfant comprendrait pourquoi
ce dé a été préparé ainsi.
- Pipé, Votre Altesse, c'est le terme technique, observa
Pocock. Ce geux-là, dit-il en montrant Chichester, me
montrait tout cela lorsque j'étais associé avec
lui et son ami le baronnet.
- J'espère que Votre Altesse ne rendra pas cette affaire
publique, dit Dunstable d'un ton très humble. Egerton,
vous ne voudriez pas me ruiner complètement?...
- Ne m'auriez-vous pas ruiné, moi? dit le jeune homme
avec amertume. |