*bandeau*
*chapeau*
La complexité de l’œuvre a peut-être une explication: il s’agit de l’adaptation théâtrale d’un énorme roman (1.284 pages) homonyme - ou presque: il s'intitule Mlle d'Artagnan - signé de Léon et Frantz Beauvallet, et cela même si le roman a été publié en volume après la pièce, en 1893. C’est donc peut-être pour faire tenir en une soirée de théâtre les grandes lignes d’un interminable feuilleton que l’auteur accumule ainsi les époques et les personnages. Le prologue met en scène une dame que tout le monde appelle «la Filleule des Mousquetaires», car elle a été «baptisée par le Maréchal d’Artagnan et adoptée par les mousquetaires». Celle-ci a elle-même adopté une petite fille, Vaillance, fille illégitime du marquis de Puycerdac, lieutenant aux mousquetaires. L’infâme baron de la Chesnaye, cousin de la «Filleule», et son âme damnée Gaspard extorquent de force sa fortune à celle-ci et la tuent. L’action se déplace ensuite des années plus tard. Vaillance a vingt ans et son caractère intrépide lui vaut d’être surnommée «Mademoiselle d’Artagnan». Des intrigues complexes – ou plutôt des bribes d’intrigues – se nouent. Y figurent parmi bien d’autres Camille de Puycerdac, fille légitime du chef des mousquetaires, convoitée par l’horrible Gaspard; Jean Boursier, fils illégitime de Puycerdac (comme Vaillance, donc, mais aussi mauvais qu’elle est bonne); le chevalier de Saint-Georges, héritier de la couronne d’Angleterre en exil, etc… Jean Boursier tente d’assassiner son père, La Chesnaye veut faire tuer Saint-Georges, mais Vaillance l’en empêche, le prince d’Angleterre en tombe amoureux. Madame de Puycerdac et sa fille s’éprennent du même homme, Camille en meurt, et ainsi de suite. Vaillance intervient, se bat, protège Puycerdac (qui ne sait pas qu’elle est sa fille) contre les agissements de son demi-frère Jean Boursier. La Chesnaye kidnappe Vaillance qui a, entre temps, récupéré la fortune de la Filleule pour lui extorquer de nouveau. Finalement, le prétendant au trône d’Angletere est fait prisonnier et enfermé à la Tour de Londres. Il va être exécuté quand il apparaît que Mademoiselle d’Artagnan a prix sa place pour lui permettre de s’échapper. Totalement décousue et incohérente, l’histoire ne présente aucun intérêt. Le lien avec d’Artagnan est purement opportuniste: l’appellation de «Mademoiselle d’Artagnan» ne repose que sur une analogie de caractère entre Vaillance et le mousquetaire. Autant dire qu’il s’agit d’une manœuvre éhontée de l’auteur pour tirer parti de la popularité du héros de Dumas. L’action, par ailleurs, est bien évidemment
largement inspirée
des romans de ce denier. En particulier, la scène finale de
la montée à l’échafaud
du prétendant au trône d’Angleterre est directement
démarquée
de la scène de l’exécution du roi Charles dans
Vingt ans après.
CAMILLE PUYCERDAC VAILLANCE. PUYCERDAC VAILLANCE, avec un mouvement. PUYCERDAC VAILLANCE, qui
ne sait que répondre. (Elle conduit Camille. Puycerdac tend la main) CAMILLE VAILLANCE CAMILLE VAILLANCE, très émue. PUYCERDAC |