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The Rose Knight’s crucifixion
1 – The three mystic heirs
2 – The three monks of tears


Lawrence Ellsworth

512 pages
Autoédition - 2018 - États-Unis
Roman

Intérêt: ***

 

 

 

Parmi les livres recensés par pastichesdumas, il y a des suites, des plagiats, des hommages, des pastiches, des remakes… Autant de catégories pas forcément précises et souvent perméables entre elles, mais qui couvrent à peu près le champ des publications. Il est rare qu’apparaisse un ouvrage définissant à lui seul une nouvelle catégorie : c’est le cas avec The Rose Knight’s crucifixion qualifié à juste titre par son auteur de « roman parallèle ». Voir l'interview que nous a accordée Lawrence Ellsworth.

Le concept est très surprenant. Le roman raconte une histoire complètement différente de celles des Trois mousquetaires, avec un héros qui n’apparaît jamais chez Dumas et une quête sans rapport avec l’intrigue de ce dernier. Mais les deux histoires sont complètement imbriquées dans le temps et dans les lieux. De nombreux personnages des Trois mousquetaires apparaissent dans The Rose Knight’s crucifixion avec des fonctions allant de la simple figuration jusqu’à des rôles de premier plan. Des scènes de Dumas sont « rejouées » avec une autre perspective et, dans certains cas, prennent une signification complètement différente. L’imbrication des deux livres est en fait le concept même sur lequel repose l’ouvrage d’Ellsworth : l’auteur l’a structuré en 67 chapitres, tout comme Les trois mousquetaires, conçus pour être lus en alternance avec ceux de Dumas. Autrement dit, il conseille de lire d’abord le chapitre 1 des Trois mousquetaires, puis le chapitre 1 de The Rose Knight’s crucifixion, puis les chapitres 2 des deux livres, et ainsi de suite (ce qui n’interdit pas de lire le roman d’Ellsworth d’une traite, de façon classique). La correspondance est soulignée par des titres de chapitres qui se répondent. Par exemple, là où le chapitre 4 des Trois mousquetaires s’appelle L’épaule d’Athos, le baudrier de Porthos et le mouchoir d’Aramis, son équivalent dans The Rose Knight’s crucifixion s’intitule The shoulder of Astarac, the spleen of Vidou and the teeth of the Cocodril. Plan de campagne devient Plash of champagne ; Un dîner de procureur devient Prosecution at dinner. La concordance repose parfois sur des jeux de mots, comme quand De l’utilité des tuyaux de poêle devient Of the futility of pipe-dreams.

L’histoire tourne autour d’un livre mystérieux connu sous le titre The three mystic heirs (notons au passage qu’aucune explication n’est donnée quant à la signification de ce titre, conçu simplement pour sonner de façon presque identique à The three musketeers). Ce livre renferme la somme des connaissances des Rose-Croix, y compris un ensemble de formules rendant opérationnelles l’« alchimie spirituelle » de cette société secrète. Un recueil de formules magiques, donc, censées donner la toute puissance à qui le détiendra.

Interdit par l’Inquisition qui y voit un ouvrage de magie noire conçu par une secte hérétique, The three mystic heirs a été presque complètement détruit : un seul exemplaire a survécu. Cet unique volume suscite de multiples convoitises. Richelieu et Buckingham le veulent pour des raisons identiques : conforter leur puissance et celle de leur pays dans l’affrontement qui les oppose et surtout empêcher l’autre de mettre la main dessus. Les Jésuites le cherchent pour le détruire en tant que livre diabolique. D’autres personnes le convoitent pour les pouvoirs qu’elles espèrent y trouver, et en particulier le héros du roman : Louis d’Astarac, vicomte de Fontrailles.

Ce dernier est un jeune seigneur qui vit dans son petit domaine de la région d’Armagnac. Intelligent, très éduqué pour l’époque (il a étudié à la Sorbonne), il est aussi fortement bossu, ce qui le handicape physiquement et lui donne une apparence plutôt repoussante. Avec comme conséquence que la jeune fille du château voisin, Isabeau de Bonnefont, une amie d’enfance dont il est amoureux fou, refuse de l’épouser. Comme Fontrailles, esprit curieux, a été amené durant ses études à s’intéresser aux Rose-Croix, il espère trouver dans The three mystic heirs le moyen de corriger les imperfections de son corps.  

The Rose Knight’s crucifixion, dont les deux parties, The three mystic heirs et The three monks of tears, forment un roman unique, est donc le récit d’une sorte de course poursuite échevelée qui voit tous les prétendants à la possession du livre tenter de le localiser, s’en emparer, se l’arracher les uns aux autres, se battre, se tuer, s’allier, se trahir, etc. Les rebondissements et coups de théâtre incessants empêchent de donner un résumé détaillé de l’intrigue. Pour s’en tenir à l’essentiel, on voit d’abord Fontrailles se rendre à Paris (en même temps que d’Artagnan au début des Trois mousquetaires) et entrer bon gré mal gré au service de Richelieu qui le charge de trouver le livre. Fontrailles y retrouve Aramis dont il est très ami depuis qu’ils ont étudié ensemble. Le mousquetaire convainc Fontrailles de s’allier à une amie à lui, Camille de Bois-Tracy, alias Lucy Hay, comtesse de Carlisle, une agent de Buckingham envoyée à la recherche du livre. Les deux alliés et rivaux (puisqu’ils travaillent respectivement pour Richelieu et Buckingham) se heurtent aux Jésuites, retrouvent la trace du livre qui se trouve désormais à Londres, s’y rendent.

Fontrailles y est réquisitionné par Milady, envoyée elle aussi dans la capitale anglaise pour s’emparer des ferrets d’Anne d’Autriche. Au terme de quelques rebondissements, c’est Milady qui se retrouve en possession du livre et le rapporte en France avec les deux ferrets volés à Buckingham. Rentré à Paris, Fontrailles tente de reprendre le volume à Milady. Pourchassé, il intègre la Cour des Miracles, où il devient rapidement l’adjoint du roi de la pègre avant de s’enfuir. Il vole The three mystic heirs chez Milady mais le père Joseph, l’âme damnée de Richelieu, l’oblige à donner le livre en échange de la liberté d’Isabeau de Bonnefont, de son père et de son fiancé Eric de Gimous, dont il s’est emparé. Mais au terme d’un affrontement compliqué sur le lieu de l’échange, qui voit débarquer successivement, dans un morceau de bravoure, Fontrailles, les hommes de Richelieu, les agents de Buckingham, les Jésuites, Milady et les mendiants de la Cour des Miracles, c’est encore une fois Milady (qui n’hésite pas à travailler pour son propre compte) qui part avec le livre maudit.

Isabeau et son père, qui sont protestants, vont se réfugier à La Rochelle pour tenter de se placer hors d’atteinte de Richelieu. Décidé à la mettre à l’abri, Fontrailles se rend lui aussi dans la ville assiégée et participe au combat du bastion Saint-Gervais côté rochelais.

Le triomphe de Richelieu semble assuré : Milady lui a finalement remis le livre et il s’est emparé de Fontrailles et de ses amis. Il apparaît alors que le père Joseph et les Jésuites se sont alliés pour tester la puissance des formules magiques comprises dans The three mystic heirs. Leur cobaye ne sera autre que le bossu lui-même : ils vont tenter de lui rendre le corps parfait dont il rêvait – l’objectif même de Fontrailles. Malheureusement, les opérations décrites dans l’ouvrage des Rose-Croix, dislocation et étirement des articulations accompagnés de multiples formules et incantations cabalistiques, relèvent plus d’abominables tortures que de soins magiques. Fontrailles en réchappe grâce à l’intervention de ses amis qui le font s’enfuir.

Fontrailles, Isabeau et leurs amis se rendent à Béthune pour tenter de délivrer Eric de Gimous qui y est retenu prisonnier par Richelieu dans l’attente d’un échange de prisonniers avec l’Angleterre (Eric est protestant comme sa fiancée) mais le jeune homme est assassiné. Ils s’emparent de Milady et la font passer en jugement mais doivent la relâcher. A la fin du roman, Fontrailles n’a récupéré ni le livre (qui n’intéresse plus personne, ses formules magiques ayant fait la preuve de leur absence totale d’efficacité au détriment du malheureux Fontrailles) ni un corps de rêve, mais a gagné l’amour de la belle Isabeau…

Très simplifiées, ces grandes lignes montrent que l’on se trouve en présence d’un roman feuilleton dans la grande tradition, mené à un train d’enfer et qui se tient parfaitement à lui tout seul. Mais sa véritable originalité et tout son intérêt, du point de vue de pastichesdumas, résident bien sûr dans son imbrication avec Les trois mousquetaires.

Les liens entre les deux livres sont incessants et de nature variée. Il y a d’abord les multiples personnages communs. La plupart de ceux des Mousquetaires figurent dans The Rose Knight’s crucifixion : d’Artagnan, ses amis et leurs valets, Richelieu et son entourage, Milady, mais aussi de nombreux personnages secondaires comme les aubergistes et autres figurants. Leur degré d’implication varie énormément. Des personnages centraux chez Dumas comme d’Artagnan, Athos et Porthos sont bien présents mais participent assez peu à l’intrigue d’Ellsworth. Aramis, en revanche, est au centre de l’action. Son amitié pour Fontrailles et son goût pour l’intrigue l’amènent à s’engager fortement dans ce nœud de vipères qui entoure le livre maudit, en particulier pour tenter de protéger le bossu contre ses puissants ennemis. Milady est au premier plan également puisque c’est elle qui détient le plus souvent l’ouvrage et réussit à le « vendre » à Richelieu. Ce dernier, ainsi que Buckingham, sont très présents dans l’intrigue en tant que commanditaires des recherches pour le livre des Rose-Croix.

A l’inverse, des personnages très secondaires de Dumas voient leur rôle énormément développé dans ce nouveau roman. L’un des employés de l’auberge de Meung qui attaque d’Artagnan au début des Trois mousquetaires devient Cocodril, un homme de main aussi ambitieux que dénué de scrupules, parfaitement cynique et toujours prêt à trahir. Camille de Bois-Tracy, mentionnée à deux ou trois reprises chez Dumas comme l’une des maîtresses d’Aramis, joue ici un rôle très important. Bernajoux, garde du cardinal chez Dumas, prend de la consistance en tant que soudard zélé et borné.

Lawrence Ellsworth ne se borne pas à utiliser les créations de Dumas : il ajoute dans sa fresque bon nombre de personnages qui lui sont propres. Fontrailles, bien sûr, qui campe un héros attachant, avec sa curiosité intellectuelle, son amour désespéré et sa difformité. Un anti d’Artagnan, dans une certaine mesure : il est laid, cultivé et incapable de se battre là où l’autre est beau, sans éducation et virtuose de l’épée. Avec aussi des points communs, un courage à toute épreuve et une capacité à susciter des amitiés fortes. Les Jésuites forment un groupe intéressant, en particulier l’un d’entre eux qui a rapporté d’un séjour missionnaire aux Amériques quelques mœurs Peau-Rouge… Ellsworth s’offre également le luxe d’utiliser un personnage fictionnel, Sir Percy Blakeney, l’ancêtre du célèbre « Mouron rouge » de la baronne Orczy, qui fait partie des agents de Buckingham et complote à Paris sous déguisement comme plus tard son illustre descendant pendant la Révolution française.  

C’est dans l’imbrication de l’action avec celle des Mousquetaires que réside la principale originalité de The Rose Knight’s crucifixion. Celle-ci est constante. A l’exception d’une sorte de prologue, l’histoire de ce roman commence au moment de l’arrivée de d’Artagnan à Paris et s’achève avec l’exécution de Milady. Les lieux de l’action sont souvent les mêmes, sans que ce soit systématique : The Rose Knight’s crucifixion suit sa propre dynamique et s’écarte souvent de son modèle.

Les intrigues se recoupent parfois de manière légère. Par exemple, au début des Trois mousquetaires, à la fin du fameux duel qui voit d’Artagnan se joindre à Athos, Porthos et Aramis contre les gardes du cardinal, les quatre hommes, victorieux, vont déposer leurs adversaires blessés à la porte d’un couvent et partent fêter leur victoire bras dessus bras dessous dans la rue. Dans le chapitre correspondant de The Rose Knight’s crucifixion, Fontrailles croise les quatre amis, est appelé par les religieuses du couvent qui lui demandent de les aider à soigner les gardes du cardinal et c’est ce qui donne au bossu son introduction après de ce dernier. De simples anecdotes sans signification particulière chez Dumas prennent toute leur dimension dans ce « roman parallèle ». Quand Richelieu, qui se rend à l’auberge du Colombier-Rouge près de La Rochelle pour son rendez-vous avec Milady, croise les mousquetaires, ceux-ci lui racontent avoir eu une échauffourée dans cette auberge avec quelques inconnus, et le cardinal leur demande de l’y accompagner. Les lecteurs de The Rose Knight’s crucifixion apprennent que Fontrailles et ses amis avaient prévu d’y enlever Milady : c’est l’arrivée des trois mousquetaires et la bagarre qui en a résulté qui a fait échouer leur plan.

Dans le chapitre 29 des Mousquetaires, d’Artagnan suit Porthos dans une église et l’y observe en train de susciter la jalousie de sa procureuse en faisant de l’œil à Milady qui prie ostensiblement au premier rang. Chez Dumas, cette présence de Milady dans l’église est purement accidentelle, sans raison d’être particulière.  Mais l’on apprend chez Ellsworth que Milady est venue dans l’église à l’invitation de Fontrailles qui tente de récupérer le livre dont elle s’est emparée. Et le bossu est lui aussi présent à la messe et observe les manigances de Porthos tout comme d’Artagnan.

Autres exemples de « croisement » des intrigues : on apprend que Fontrailles et Camille de Bois-Tracy retournent de Londres en France cachés dans le bateau de d’Artagnan quand ce dernier vient rapporter ses ferrets à Anne d’Autriche. Ou encore que lorsque les quatre amis se battent en duel contre quatre Anglais (dont lord de Winter) et que l’adversaire d’Aramis s’enfuit, alors que les trois autres sont tués ou blessés, ce n’est pas par hasard : l’adversaire en question n’était autre que Percy Blakeney, ami d’Aramis, et les deux hommes s’étaient entendus à l’avance sur une petite mise en scène pour éviter que l’un ou l’autre ne soit blessé.

Dans bien des cas, l’imbrication des deux romans est encore plus forte, quand une action est commune aux deux ou qu’une scène des Trois mousquetaires prend une nouvelle signification avec The Rose Knight’s crucifixion. Les exemples sont multiples. On apprend que la venue secrète de Buckingham à Paris n’était pas justifiée uniquement par le désir de voir Anne d’Autriche mais aussi par la volonté de lancer ses agents sur la piste de The three mystic heirs. Le vol des ferrets de la reine possédés par Buckingham prend également une autre tournure : après avoir dissimulé Fontrailles sous la banquette, Milady attire le duc dans sa voiture, le séduit, ce qui amène ce dernier à jeter sur le plancher ses vêtements, sur lesquels le bossu peut ainsi récupérer les ferrets. Lors d’une scène un peu similaire, Fontrailles s’introduit dans l’hôtel de Milady à Paris pour y voler le livre maudit, se dissimule sous son lit… et y reste tout le temps que durent les ébats de celle-ci avec d’Artagnan, arrivé entre temps. Ce qui lui permet au passage de découvrir la présence de la fleur de lys sur l’épaule de Milady en même temps que le cadet des gardes.  

La célèbre scène où d’Artagnan, après avoir rapporté les ferrets à Paris, part à la recherche de ses trois amis laissés sur la route et trouve Aramis en train de discuter avec deux Jésuites de la thèse qu’il prépare pour entrer dans les ordres change totalement de sens : en lisant le chapitre précédent dans The Rose Knight’s crucifixion, on découvre Aramis en train de comploter avec les deux Jésuites qui sont eux aussi à la recherche du livre des Rose-Croix. Voyant d’Artagnan arriver, Aramis leur enjoint de faire semblant de discuter d’une thèse imaginaire pour tromper celui-ci… (voir extrait ci-dessous)

A la lecture des deux « romans parallèles », on découvre également que la rencontre de Richelieu avec Milady dans l’auberge du Colombier-Rouge près de La Rochelle n’avait pas comme seul objet la délivrance d’instructions du cardinal à son espionne : le premier objectif était de négocier la vente de The Rose Knight’s crucifixion par Milady.

Tout à la fin de son livre, Ellsworth change curieusement de procédé. Au lieu de continuer à intercaler dans le roman de Dumas des épisodes complètement distincts, il entreprend de transposer dans l’histoire de Fontrailles des éléments caractéristiques de celle des Trois mousquetaires. Aux cinq jours d’emprisonnement de Milady en Angleterre, durant lesquels elle séduit peu à peu son geôlier Felton, correspondent les cinq jours d’expérimentations horrifiques menées sur Fontrailles pour tester la validité des formules de The Rose Knight’s crucifixion. Si le bossu en réchappe, c’est notamment parce qu’il « travaille » l’un des Jésuites en l’amenant à douter progressivement du bien-fondé de sa mission, exactement comme Milady avec Felton.

Même schéma tout à la fin : Fontrailles et ses amis arrêtent Milady près de Béthune et décident de la juger, exactement comme dans Les trois mousquetaires. La différence : ils l’exécuteraient volontiers, mais ils ne peuvent se permettre de tuer un agent de Richelieu, ne disposant pas, contrairement aux mousquetaires, d’un blanc-seing signé du cardinal. Ils lui extorquent en revanche une confession signée à propos de ses crimes – qui permettra au final à Fontrailles d’échapper à la vindicte du père Joseph et de Richelieu, exactement comme d’Artagnan se sert du blanc-seing face au cardinal.

The Rose Knight’s crucifixion, on le voit, est un livre hors du commun dans l’ensemble des innombrables variations sur le thème des mousquetaires. L’auteur tisse sa toile avec virtuosité, entremêlant les deux histoires avec un naturel parfait – et plein d’humour, ce qui ne gâte rien. L’exercice reflète une connaissance des moindres détails des Trois mousquetaires, ce qui s’explique aisément : avant d’écrire The Rose Knight’s crucifixion Lawrence Ellsworth a réalisé une nouvelle traduction en anglais des Trois mousquetaires (et une autre du Sphinx rouge). Une démarche qui rappelle celle de Javier La Orden Trimollet qui, après avoir réalisé une nouvelle traduction en espagnol de la trilogie des mousquetaires, a écrit sa propre suite : El invierno del mosquetero.

Merci à Mihai-Bogdan Ciuca de m’avoir signalé ce livre.

 

Extrait du chapitre XXV Aramis

Though it was a sunny day, the room on the first floor of the only inn in Crèvecoeur was gloomy, as the drapes had been drawn almost to a close. Three men sat in the austere chamber, from which every worldly comfort had been removed, and talked in low tones.

“So it is agreed, then,” said Aramis the musketeer. “The price of my admission into the Society of Jesus will be The three mystic heirs — should I be able to lay my hands upon it.”

“We have confidence in your resourcefulness and finesse,” said Athanasius Kircher.

“As long as you understand,” Aramis said, “that I have no intention of allowing my friend d’Astarac to come to harm.”

“Heh,” said Jean Crozat, known as Père Mikmaq. “So you say. But I know your sort, and you are not a man who will allow another to come between you and something you want.”

Aramis stood, hands clenching in unwonted agitation, but before he could reply the sound of hoofbeats came from the yard outside. The musketeer stepped to the window and twitched one drape aside. “Nom de diable!” he cried.

For he had recognized the rider as d’Artagnan.

Kircher said, “What is the meaning of this impious outburst, Brother Aramis?”

“A friend of mine has just ridden up. I thought he was dead!” Aramis said. “What joy! ...But he mustn’t find us here discussing heretical books.”

Mikmaq said, “You told your man to make sure we weren’t disturbed.”

“This gentleman is not so easily deterred,” said Aramis, “but if you will take my advice on how to handle this, he’ll suspect nothing. He knows I’ve always intended to leave the musketeers and return to the Church. Adopt the false names I gave to Bazin, and pretend to be quizzing me about the thesis I must present to qualify for ordination.”

Kircher nodded happily. “Yes, indeed. Most amusing. I shall play the stern taskmaster.”

“But I don’t know anything about playacting!” said Père Mikmaq. “Bah! This is absurd.”

“Just pretend to be a rural curate who knows nothing,” Aramis said. “You can manage that, can’t you?”

Mikmaq seemed to be on the verge of a sharp reply when Kircher interrupted: “Of course he can. What will you use for your thesis?”

“These notes I was making for a poem,” Aramis said, gathering some papers from his writing table.

“A poem?” said Mikmaq. But Kircher hushed him: they could hear boots coming up the wooden stairs. There was a brief commotion on the landing outside the room, and then the door opened suddenly.

Bonjour, dear d’Artagnan,” said Aramis.

 


 

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