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La vieillesse d’Athos

Paul Féval fils

233 pages
1925 - France
Roman

Intérêt: *

 

Suite et fin du récit commencé dans Le fils de d'Artagnan. De même que le jeune Georges d'Artagnan n'est pas vraiment au centre du volume qui porte son nom, Athos n'est pas le personnage principal de ce deuxième roman.

On y suit, comme dans le premier, l'affrontement entre le comte d'Ablincourt, sa femme et sa fille Marie, et l'abominable baron de Souvré, secondé cette fois par sa perfide maîtresse et Laurent, son abject valet. Les héros gagnent à la fin - on n'en doutait pas -, à l'issue de péripéties rocambolesques... Entre temps, Georges retrouve sa mère Térésina - l'ancienne maîtresse de d'Artagnan - dont il était séparé depuis sa naissance et qui, folle à lier pendant trente ans, retrouve la raison à la vue de son fils...

On apprend au passage que c'est Bonacieux (le mari de Constance dans Les trois mousquetaires) lui-même qui avait été à l'origine de la folie de la mère de Georges et de la séparation qui en avait résulté. Et pour renforcer le lien avec les romans de Dumas, Féval fils fait intervenir dans ce volume Athos, Aramis (en tant qu'ambassadeur d'Espagne), Planchet, Bazin, Grimaud et même... le fils de Mousqueton. Si bien que le livre aurait pu s'appeler avantageusement Le fils du valet de Porthos.

Les exploits de Féval fils, eux, ne se sont pas arrêtés là, puisqu'il s'est lancé ensuite dans la saga D'Artagnan contre Cyrano.

La vieillesse d'Athos a connu des éditions à l'étranger. Voir ci-dessous la couverture d'une édition en langue tchèque, aimablement communiquée par Peter Richter.

Extrait du chapitre 11 La nuit d'amour du baron

Dans la chambre haute de la Maison Cardinale, le bruit de la porte jetée bas avait arrêté Raoul de Souvré, juste comme il allait attirer Marie à bout de force pour se livrer sur elle à des actes de violence.

- Qu'est-ce donc? - bégaya-t-il en devenant livide.

De nombreux pas montaient l'escalier et immédiatement derrière l'huis, un appel épouvanté sembla répondre à la question que se posait le baron.

- A moi! - disait la voix étranglée de Laurent.

- Eux! - vociféra de Souvré écumant de rage.

Et ramassant le poignard qu'il avait jeté, il bondit sur Marie décidé à la frapper au coeur.

Trop tard heureusement.

La seconde porte venait de céder et c'est à peine si le misérable eut le temps de voir son valet, le corps étendu en travers des dernières marches, le visage violacé, la langue pendante.

Pris par derrière tandis qu'il montait sa faction, Laurent avait été strangulé par la folle.
Le bras armé du baron de Souvré fut soudain emprisonné par la main gauche de Térésina, qui, de sa droite, appuya des doigts osseux sur la gorge de l'infâme gentilhomme.

- Je veux t'étrangler, t'étrangler! - dit-elle en même temps de sa voix gutturale.
Raoul de Souvré était vigoureux et la peur décuplait ses forces. Il lutta avec la malheureuse femme sur laquelle la douleur semblait n'avoir pas de prise, et qui riait sourdement.

D'un terrible saut en arrière, qui laissèrent des lambeaux de sa chair saignante aux ongles de la folle, il parvint à lui faire lâcher prise et s'élança à nouveau sur Marie.

La pauvre enfant s'accula dans son coin et jeta, comme une suprême prière, le nom de Georges.

La fenêtre céda sous un choc formidable, et, dans l'encadrement, le chevalier parut, l'épée à la main.

- Me voilà! - fit-il en sautant dans la chambre.

- D'Artagnan! grinça de Souvré, blême de terreur cette fois, car il savait qu'aucune merci n'était à attendre du redoutable jeune homme.

Il n'avait pas achevé, qu'un cri presque inhumain ébranlait la masure.

A ce cri, le nom de d'Artagnan se fit une seconde fois entendre, prononcé par Térésina qui, de nouveau, noua ses mains rêches autour de la gorge du baron.

Le misérable avait tourné sur lui-même et se trouvait adossé à la fenêtre.

Râlant, perdant le souffle il arracha un pistolet glissé à sa ceinture et, à bout portant fit feu dans la poitrine de la folle.

Le gosier de Térésina rendit une plainte inarticulée, mais ses doigts se resserrèrent encore, s'il est possible, autour du cou tuméfié de l'assassin.

Alors, le poussant avec une force prodigieuse, elle lui fit perdre l'équilibre et le précipita dans le vide.

Puis, chancelante, elle trébucha.

Georges la reçut dans ses bras.

A la lueur vacillante de la lanterne, il la reconnut.

- Ma mère! - gémit-il.

Tout ceci s'était passé presque simultanément et si rapidement que quelques secondes avaient suffi.

A ce moment le comte, Folavril, Malvenu, le marquis et Inès firent irruption dans la chambre en franchissant le corps de Laurent.

Marie s'était évanouie.

Inès, pâle, échevelée, s'empressa auprès d'elle.

Tout à coup, elle se releva, le visage rayonnant et mettant l'enfant dans les bras du comte, la pauvre mère s'écria:

- Dieu soit béni, René! - Elle vit!... Elle vit!

 

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