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Les cent duels de d’Artagnan

Louis Hermance

254 pages
1937 - France
Roman

Intérêt: 0

 

Cette suite des Mousquetaires s'intercale, comme bien d'autres, entre Les trois mousquetaires et Vingt ans après. D'Artagnan est devenu lieutenant et a sous ses ordres Athos et Porthos, qui n'ont pas encore quitté le service. Aramis, en revanche, a déjà pris ses distances.

L'intrigue utilise, là aussi comme bien d'autres suites, les conspirations du duc Gaston d'Orléans contre le roi et le cardinal Richelieu. Le mousquetaire évolue au milieu des complots, intrigues et contre-complots, s'efforçant de servir le roi sans y laisser sa peau.

Tout cela pourrait donner les bases d'un bon roman si l'auteur n'avait choisi d'user et d'abuser d'une écriture confuse. Les personnages parlent volontiers d'eux-mêmes à la troisième personne et en se désignant par des surnoms et autres métaphores. Un rôle central dans l'intrigue est joué par un tueur à gages travaillant pour les comploteurs et «retourné» par d'Artagnan. Les deux hommes sont plus ou moins sosies et se font sans cesse passer l'un pour l'autre. Bref, on se perd complètement dans cette intrigue à peu près incompréhensible...

Quelques détails amusants surnagent toutefois: le procureur Coquenard figure dans le livre, où on le voit mourir, ce qui ouvre la voie au mariage de Porthos avec sa richissime «procureuse». Et surtout, il y a le gag récurrent qui donne son titre au livre: Planchet tient un registre des duels de son maître, à qui il a annoncé qu'il le quittera quand il aura livré son centième duel. Ce qui arrive comme de juste à la fin du récit.

L'autre livre du même auteur, qui fait pendant à celui-ci, Les cent amours de d'Artagnan, est à cet égard plus réussi.

Extrait du chapitre 13 Les cent duels

Planchet posa son mousquet et tira un petit livre froissé par un long séjour dans les poches:

— Tenez, monsieur. N'ayant, hélas! pas d'autres comptes à tenir avec vous, j'ai tenu, depuis que je suis à votre service le compte de vos duels.

D'Artagnan et Athos se mirent à rire et le Gascon plaisanta:

— Voici un livre de comptes qui, si j'avais un procès, étonnerait la Basoche!

— Ne riez pas, d'Artagnan. Planchet monte dans mon estime.

— Est-il possible, monsieur le comte... monsieur Athos... monsieur...

— Ne t'embrouille pas, Planchet, et montre nous ce livre.

D'Artagnan tourna les pages, devenu rêveur:

— Oui, les voila bien tous alignés à leurs dates... Que de beaux coups d'épée donnés et, presque tous, pour répondre aux provocations de mes adversaires!

— Et encore, monsieur, je n'ai pas marqué les coups d'épée donnés à des manants. Je sais ce qui est duel et combat. Je n'ai noté là que belles et honorables rencontres entre gentilshommes.

— Le drôle n'a rien oublié, même pas mon dernier duel à Angers...

— C'est pourquoi j'avais eu 1'audace d'interroger monsieur.

D’Artagnan passa le livre à Athos qui le parcourut:

— Quatre-vingt-cinq duels, d'Artagnan, et pas une fois couché sur le pré!

D'Artagnan rendit le précieux document à Planchet:

— Garde-le. Continue à tenir mes comptes.

— Oui, monsieur. Jusqu'à cent. Je me suis juré de ne pas quitter monsieur avant son centième duel. C'est une superstition que j'ai comme ça. J'arrêterai ce jour-là mes comptes et les rendrai fidèlement à monsieur.

— Va rejoindre Grimaud. J'ai idée qu'avant ce soir, tu auras de nouveaux comptes à tenir.

— Ne vous pressez pas à cause de moi, monsieur. Le jour où j'inscrirai «Cent» sur mon livre, j'en aurai tant d'émotion que je serai capable d'en pleurer.

Les deux hommes se regardaient, rêveurs; puis Athos réclama:

— Grimaud, du vin! II nous faut revenir à la réalité. Ce drôle de garçon m'a troublé...


 

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