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Les quatre mousquetaires... et plus si affinités

Michel Robert

352 pages
Editions Mnémos - 2008 - France
Humour - Roman

Intérêt: *

 

 

Les trois mousquetaires, comme chacun sait, étaient quatre: dans cette parodie, ils se retrouvent au nombre de six. Aux quatre héros traditionnels s’ajoutent ici Constance (oui, la Constance Bonacieux de d’Artagnan) et Joyeuse, sa cousine. Les deux jeunes femmes sont en effet des femmes d’action faisant équipe d’égale à égal avec les hommes. Constance est d’ailleurs, sous ses couverts de lingère, agent secret de la reine, tandis que Joyeuse est Messagère du roi (une sorte d’agent secret, là aussi).

L’intrigue est quelque peu squelettique. Joyeuse est chargée de ramener à Louis XIII le traité d’alliance signé en secret entre la France et le Portugal. Mais ce document explosif est convoité par tout le monde. Si bien que Joyeuse et ses compagnons sont poursuivis par les Espagnols, les Allemands, les Anglais, les hommes du cardinal, etc…

L’histoire est donc une longue suite d’embuscades et de batailles, où les mousquetaires massacrent joyeusement leurs adversaires. Ce schéma devenant quelque peu répétitif, les mousquetaires doivent également affronter des adversaires un peu différents: guerriers aux épées enchantées et sorciers maléfiques. Autant de personnages issus des autres romans de Michel Robert, qui est pour l’essentiel auteur de romans d’héroïc-fantasy.

Enfin, le livre comprend également de nombreuses scènes décrivant la vie du groupe des six héros: séances de jeux, beuveries, fêtes en tout genre, histoire d’amour entre Athos et Joyeuse…

Ces scènes, qui ne font rien d’autre qu’évoquer des relations amicales et amoureuses des plus ordinaires, sont en fait le cœur du livre. Car l’auteur explique dans sa préface qu’il a voulu avec ce roman évoquer les «moments bénis» qu’il passait alors avec sa bande d’amis. «Nous étions quatre hommes et deux femmes et je me devais de distribuer les rôles» (d’où la création du personnage de Joyeuse), raconte-t-il, précisant qu’il devait également se «servir de nos propres facéties pour alimenter le récit, ce dont je ne me suis pas privé!».

Les quatre mousquetaires… et plus si affinités est donc à la base un «private joke» écrit pour un groupe d’amis. Et c’est bien le problème: le livre ne réussit jamais à sortir de ce registre. Si bien que des pans entiers (personnalité des héros, nombreuses anecdotes) n’ont aucune signification pour le lecteur non initié – même si l’on veut bien croire qu’ils sont amusants pour les amis de Michel Robert.

Les personnalités des mousquetaires, par exemple, n’ont guère de rapport avec leurs modèles. Porthos est décrit comme un «mousquetaire ninja» - ce qui dans la pratique signifie qu’il passe son temps à massacrer tous ses adversaires en tueur quasi psychopathe. Aramis est présenté à chaque page comme «le scientifique» et n’a plus aucun rapport avec le mousquetaire religieux et intrigant. Athos n’est plus que l’aîné du groupe, ayant perdu toute la dimension tourmentée du personnage d’origine.

Les mousquetaires sont donc décrits comme des jeunes d’aujourd’hui, s’exprimant comme dans les banlieues du XXIème siècle, faisant la fête en permanence, perpétuellement défoncés aux herbes en tout genre…

Très répétitif, l’humour ne se refuse aucune facilité, comme dans le registre des anachronismes (du type: un personnage sort des pièces de monnaie, son compagnon lui dit: «attention, ce sont des euros, tu es en avance de plusieurs siècles!»).

Mais le plus gênant, répétons-le, tient au fait que le roman est d’abord la transposition d’une chronique amicale, destinée au groupe d’amis en question. A titre d’exemple, la longue série de batailles et de massacres est interrompue par une séquence de repos dans la «Ferme du Bonheur». Un lieu accueillant où les six héros sont admirablement reçus par des amis. L’auteur décrit longuement la maison, ses habitants, les repas que l’on y fait… toutes choses charmantes qui constituent sûrement de très bons souvenirs pour l’intéressé mais qui n’ont aucun rapport avec l’intrigue et ne font en rien progresser le roman.

Les quatre mousquetaires, autrement dit, sont peut-être un régal pour les amis de Michel Robert. Pour les autres, c’est un livre très ennuyeux.

 

 Voir l'arbre généalogique d'Athos


Extrait du chapitre 58

— J’ai réglé le cas du Condottiere, leur apprit Athos en reposant la Messagère de son cœur. Et celui-là, il est bien mort, croyez-moi! Je préciserai qu'il a été assez débile pour abîmer un des carnets de notre cintré à blouse blanche...

— Fouyayaaah! jura Porthos. Not'Ramis, y doit en avoir fait du hachis-parmentier du di Conti-Spaghetti!

— C'est en effet assez proche de la réalité, comme description, confirma Athos.

— Le voici, justement, annonça Constance. Pauvre Aramis, il a l'air tout triste!

— Mon préféré à moi-rien qu'à moi-que j'ai, il est triste? releva Joyeuse.

Elle se rua au devant d'Aramis, le jeta de sa selle, et bourra son pourpoint et sa chemise de brins d'herbe et de mottes de terre bien grasse.

— T'es pas triste? Hein! Dis que t'es pas triste! hurla-elle dans l'oreille de son «Préféré à moi-rien qu'à moi-que j'ai».

— Porthos! Athos! glapit le scientifique en battant des bras et des jambes. Délivrez-moi de ce petit pot de pus! Bordel, les gars, vous pouvez pas lui mettre une laisse, au péril ninj'?

Athos et Porthos se dévisagèrent durant plus ou moins quatre secondes:

— Une laisse? murmurèrent-ils en même temps.

Athos leva un sourcil intéressé, Porthos afficha son petit sourire à faire rêver un adepte du masochisme le plus extrême. En même temps, ils reportèrent leur attention sur la jeune femme. Cette dernière dut sentir le danger qui la menaçait.

— Oh non! Même pas en rêve, les garçons! Je mordrai le premier qui... Athos, non, je te préviens... Si tu fais un pas de plus, j'te les chope et j'tourne!

En voyant la tête de son aimée, la jeune femme délaissa Aramis pour s'enfuir en courant. Athos s'élança à sa poursuite, une laisse à la main.

 

Un peu plus tard, le calme revenu, nos héros s'apprêtaient à repartir. Les Italiens ne leur poseraient plus de problèmes. Sans chef pour les guider, leur troupe réduite de trois-quarts, écœurés, les spadassins avaient décidé de rentrer au pays faire leur rapport, et prendre de nouveaux ordres.

— En route, compagnons, lança d'Artagnan, notre Roi nous attend!

— Nous allons à Versailles? intervint Athos. Mais faut demander à Porthos! Il la connaît vraiment bien la route, hein Porthos? Par contre, si on veut passer par Vélizy, alors là, je ne garantis rien...

— Nianianianiania! marmonna le ninja.

 

En plein milieu de la nuit...

— Féchiélabitt! Mais c'est pas vrai! On peut dormir, oui? Bande d'obsédés, y'a des célibataires, ici.

— De moins en moins, en fait, remarqua Aramis toujours soucieux d'exactitude, puisque notre groupe a subi une érosion de 33%.

— Par le Bouc Noir à Trois Pattes, c'est encore pire qu'avant!

— Normal, puisque le nombre de couples a pris une ampleur de 200%...

— Aramis, y puent la mouscaille, tes commentaires! grogna Porthos.

— Oh, moi, ce que j'en disais, c'était par souci d'exactitude. Et la Rigueur Mathématique, alors, oublierais-tu son omnipotence?

— Ara', si tu continues, tu vas te prendre la rigueur de mon manche de pioche dans les amygdales... Et pis, maint'nant, j'suis trop énervé pour dormir!

Porthos se leva de sa couche et s'assit auprès du feu histoire de se confectionner un bédoh. Il en était à rouler lorsqu'un cri de jouissance féminine le fit sursauter. Le pet' en cours d'achèvement lui échappa des mains pour aller se répandre dans l'herbe.

— Aaaaargh! Le matos!

 

 


 

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