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False nine
La feinte de l’attaquant

Philip Kerr

376 pages
Head of Zeus - 2015 - Royaume-Uni
Roman

Intérêt: *

 

 

Rien de commun, a priori, entre le monde du football professionnel de très haut niveau d’aujourd’hui et celui des mousquetaires. Et de fait, le thriller sportif False nine n’évoquerait en rien Les trois mousquetaires si son auteur n’avait choisi d’y rendre un hommage appuyé à Dumas.

Ce roman appartient à la catégorie de ceux dont l’intrigue et les personnages sont très éloignés de ceux de Dumas et qui ne peuvent donc être considérés comme des pastiches, des transpositions, des plagiats ou encore moins des suites. Mais que leur auteur utilise pour saluer explicitement Alexandre Dumas et son œuvre.

False nine fait partie de la série des enquêtes de Scott Manson, un entraîneur de football au plus haut niveau doté également de capacités de détective amateur. Provisoirement sans équipe à diriger, il se voit chargé par le PSG et le Barça (le club de Barcelone) d’une mission délicate : retrouver Jérôme Dumas, jeune joueur promis à un avenir des plus brillants, que le club parisien vient de « prêter » à son homologue catalan et qui a disparu.

Son enquête fait plonger le lecteur dans les dessous d’un sport où l’argent est roi, où les stratégies financières des clubs sont plus importantes que les stratégies sportives, où l’unité de base des salaires est de 100.000 euros par semaine et où des jeunes gens que rien n’a préparé à cela se retrouvent avec des trains de vie hallucinants et les tentations qui vont avec.

Sa recherche de Jérôme Dumas mène Manson à Paris puis dans l’île d’Antigua et enfin à la Guadeloupe d’où est originaire le jeune Français. Le comportement erratique de celui-ci se révèle lié à une vie personnelle et familiale compliquée et surtout à l’existence d’un frère jumeau parfaitement identique, Philippe, qui, en certaines circonstances, prend la place de son frère.

Cette histoire de jumeaux qui échangent leurs rôles rappelle évidemment celle de l’homme au masque de fer dans Le vicomte de Bragelonne, même s’il y a de profondes différences : nul complot ici, les deux frères s’entendent parfaitement.

On pourrait en fait lire False nine sans penser au roman de Dumas si Kerr lui-même ne soulignait avec insistance le parallèle. Non seulement il donne le nom de Dumas à son héros footballeur mais quand Manson dévoile le pot aux roses, il se demande si Alexandre Dumas et son roman ont donné à Jérôme et son frère l’idée de leur supercherie (voir extrait ci-dessous). D’autres références abondent. Le jumeau de Jérôme s’appelle Philippe comme celui de Louis XIV dans Le vicomte de Bragelonne. Manson rappelle à Jérôme, Noir guadeloupéen, les origines noires d’Alexandre Dumas. Quand un intermédiaire dit à Manson qu’une marque de cosmétiques veut lancer une eau de Cologne au nom du footballeur, il répond par une plaisanterie sur le fait qu’il y a déjà un parfum « Aramis » et qu’il peut donc bien y en avoir un appelé « Dumas ». Quand l’entraîneur regarde la vidéo d’un match où Jérôme s’est montré particulièrement brillant, il raconte que le jeune homme est sorti du terrain « avec un air euphorique comme un d’Artagnan footballeur sorti des pages des Trois mousquetaires, ce grand roman français écrit par le plus célèbre des homonymes de Jérôme, Alexandre Dumas ». Et la qualité de jeu du jeune homme, souligne-t-il, pouvait faire penser « qu’il figurerait bientôt aux côtés de l’écrivain dans le Panthéon des gloires françaises ».

Intéressant par ailleurs par son côté reportage dans le monde du football professionnel, False nine est donc clairement l’occasion pour Philip Kerr de rendre hommage à notre écrivain préféré et de reconnaître la dette qu’il a à son égard.

Merci à Rudy Le Cours de m’avoir signalé ce livre.


Extrait du chapitre 28

‘It’s not how it looks,’ (Jérôme Dumas) said, quietly.

‘I suppose I should have suspected something like this, given that your name is Dumas,’ I said. ‘What, is your dad related, perhaps? To the famous French author of The Count of Monte Cristo, The Three Musketeers and yes, The Man in the Iron Mask? Is that where you got this idea, do you think? By the way, Alexandre Dumas was a proper author. Not like that irritating velvet-rope revolutionary you seem to admire so much. Now that we’re all out in the open I can tell you what I really think about Russell Brand. I can’t stand him. All the same, I wonder what he would make of this situation. Are dishonest bankers any worse than dishonest footballers?’ I sighed. ‘Anyway, Dumas would certainly have loved this story. It’s got everything.’

Jerome 1 said nothing.

‘Incidentally, he was black too. Dumas. His father was from Haiti. A little-known fact that people often tend to forget. Or perhaps they’re just not aware of it. The black count, the French used to call him. At least I think that’s what they called him. Lucky that he wasn’t playing for Queens Park Rangers against Chelsea, eh? John Terry might have called him something else. What do you think? I mean, you’d be the man to ask.’ I smiled thinly. ‘Forgive my manners but I’m just a bit pissed off to discover that you and your twin brother have been playing me for a cunt. And after all your earlier protestations of honesty. That hurts. I mean, I really did come here to help you and now I find that you’ve been taking advantage of me.’

‘It’s not how it looks at all,’ he repeated.

‘Isn’t it?’ I grinned. ‘Oh, I’m sorry, you mean there’s actually a plausible explanation that makes this all right? At the risk of being played for a cunt again, why don’t you tell me what that is? Fess up, son. Or is telling the truth just something that’s just way beyond your abilities? Only I feel I should warn you. My patience is almost gone. If what you tell me sounds or smells like bullshit I shall walk out of here, get on that plane and go home by myself. And you can stay here and rot on this grubby little island. Like fucking Napoleon.’

‘It’s like this,’ said Jerome. ‘You see—’

‘No, wait a moment. I’d like Tweedledum to be there when Tweedledee starts to talk. I mean, I’ve no way of knowing which of you is the real deal. Come on. Let’s go and wake him up. I want to make sure I get more than fifty per cent of the story. Maybe he’ll contradict you. Who knows? I somehow got the impression earlier that Jerome Dumas is not such a great guy. That he’s a selfish prick.’

We left the beach house and walked up the lawn to the main building.

‘By the way, what’s your brother’s name? Is he Jerome Dumas, or is that you?’

‘I’m Jerome. His name is Philippe. Philippe is older than me by about five minutes. And wiser, too, probably.’


 

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