Ce film de Martin Bourboulon, qui sort dans les salles de
cinéma le 5 avril 2023, est une très intéressante version
des Trois mousquetaires. Le scénario écrit par
Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière comporte
de nombreuses et importantes variations par rapport au
roman de Dumas mais l’essentiel de la trame et l’esprit en
sont respectés.
On retrouve ainsi la rencontre de d’Artagnan avec les
trois mousquetaires sous forme des trois duels
successifs, ainsi que l’épisode des ferrets de la reine.
Le film s’arrête d’ailleurs à la fin de l’histoire des
ferrets sur un « A suivre » qui annonce la
seconde partie Les trois mousquetaires: Milady,
dont la sortie est programmée pour le 13 décembre 2023.
A ces deux épisodes clé du roman d’origine s’ajoutent des
développements inédits. Athos est présenté comme un
seigneur protestant, ce qui permet d’ancrer le film dans
le contexte historique des affrontements entre catholiques
et protestants. Athos se voit également muni d’un frère
qui joue un rôle relativement important dans l’intrigue.
Athos, toujours lui, se retrouve victime d’une machination
qui conduit à sa condamnation à mort, puis à son évasion.
Le mariage du frère du roi, Gaston, suivi d’un attentat
contre la vie de Louis XIII, donne lieu à une séquence
très importante - et spectaculaire - du film.
La réalisation est d’une qualité impressionnante, avec des
images de toute beauté. Le film a bénéficié d’un très gros
budget, et ça se voit! A noter en particulier les décors
naturels. Le film a été tourné, entre autres, place des
Vosges, aux Invalides, dans la cour du Louvre, dans la
cathédrale de Meaux, au château de Chantilly, à
Fontainebleau, etc. Parmi les choix esthétiques forts, il
faut relever celui de montrer les mousquetaires de manière
« réaliste », c’est-à-dire sales, vêtus de cuir,
sans l’ombre d’un uniforme. Ce qui les fait ressembler
parfois davantage à des cow-boys qu’à l’image habituelle
des mousquetaires vêtus de casaques bleues et blanches
immaculées. Le procédé fonctionne mais il est poussé un
peu loin: les mousquetaires ne font pas l’ombre d’un brin
de toilette même quand ils servent de garde d’honneur au
roi lors du mariage de son frère!
Les performances des acteurs sont globalement
remarquables. Vincent Cassel campe un Athos mémorable,
hanté par ses démons, de même que Louis Garrel en Louis
XIII désireux de bien faire, oscillant sans cesse entre
bouffées d’autorité et doutes lancinants. François Civil
est un d’Artagnan plein de fougue et Romain Duris
interprète un Aramis virevoltant à souhait. Porthos, joué
par Pio Marmaï, est un peu en retrait dans l’histoire.
Parmi les personnages féminins, Vicky Krieps campe une
Anne d’Autriche pleine de majesté. Eva Green, en Milady,
n’est pas au premier plan, mais cela changera bien sûr
avec le second film.
En résumé, un magnifique spectacle qui rend pleinement
hommage au roman de Dumas, avec une tension permanente, un
rythme effréné et des pointes d’humour, sans en être une
version filmée au premier degré.
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