La cour du roi Pétaud (Henri III et sa cour) Parade historique, mêlée d’anachronismes et de couplets en trois actes qui n’en font qu’un
Alexandre Dumas Cavé F. Langlé Adolphe de Leuven
1829 - France Humour - Pièce de thêatre
Intérêt: 0
Dumas, auteur d’un pastiche de Dumas? Eh oui, cela est
arrivé avec cette pièce de théâtre qui parodie Henri
III et sa cour (voir une notice sur Henri
III et sa cour sur dumaspere.com). Comme
l’écrit Fernande Bassan dans sa préface, «prévoyant que
son Henri III ferait grand bruit, il ‘devait avoir sa
parodie’ » selon les propres termes de Dumas dans ses Mémoires.
Du coup, raconte l’écrivain, «j’avais d’avance
communiqué mon manuscrit» à certains collaborateurs;
«puis, sur leur demande, j’avais collaboré de mon mieux
à la pièce».
Cette collaboration on
ne peut plus étroite entre l’écrivain parodié et les
auteurs de la parodie a permis à La cour du roi
Pétaud d’être représentée dès le 28 février 1829,
au Théâtre du Vaudeville, alors que la première de Henri
III et sa cour avait eu lieu le 10 février.
La pièce démarque son modèle de très près. La cour
d’Henri III est remplacée par celle du roi Pétaud (le
roi Dagobert dans la première version), le duc de Guise
par le duc de Childebrand, Saint-Mégrin par
Saint-Flandrin, etc…
Les deux camps qui partagent la cour se déchirent autour
de la question: faut-il porter les hauts-de-chausse à
l’endroit, ou bien à l’envers?
Au fil de la pièce, on retrouve toutes les grands scènes
de son modèle: le duc qui force sa femme à donner un
rendez-vous à son rival, le roi qui déjoue les projets
du duc en se nommant lui-même à la tête de la ligue que
ce dernier voulait créer, etc…
Les effets comiques tiennent à une recherche
systématique du ridicule dans les expressions et les
actes des personnages; une utilisation abondante
d’anachronismes (du genre: «jouons aux cartes! Non,
elles ne sont pas encore inventées!»); un jeu sur les
conventions théâtrales (avec les acteurs commentant la
pièce). L’ensemble, comme toutes les parodies de
l’époque, est entrecoupé de chansons.
Le résultat, il faut bien le dire, est consternant.
L’humour est pesant, sans invention aucune. Dumas aurait
mieux fait, en l’occurrence, de laisser faire les
«pasticheurs» extérieurs: une pièce comme Cricri et ses mitrons
est, à tout prendre, plus réussie.
Extrait de l’acte I, scène 6
LA DUCHESSE, l'air égaré.
Où suis-je? Mon époux! Il va croire... Il me battra. De
quel côté m'échapper?
NOSTRADAMUS, entrant.
Sortez d'ici, Madame!
LA DUCHESSE
Je ne demande pas mieux.
NOSTRADAMUS
Un instant! N'oubliez-vous rien?
LA DUCHESSE
Pas si sotte!
NOSTRADAMUS
Eh bien! ma fille, il faut oublier quelque chose, sans
cela, il n'y aurait pas de pièce!
LA DUCHESSE
Mais ce sera autant de perdu.
NOSTRADAMUS
Non! Votre mari le trouvera. Ça ne sortira pas du
ménage. Laissez votre mouchoir, par exemple!
LE DUC, en dehors.
J'entrerai, vous dis-je!
LA DUCHESSE
Ciel! Il monte la dernière marche! (Jetant son
mouchoir sur le lit.)
Tenez, brave homme, j'en fais le sacrifice, quoique ça
dépareille ma douzaine. (Elle sort à gauche.)
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