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Les deux mousquetaires
Ce roman a donné lieu à une adaptation théâtrale: Les deux mousquetaires, pièce en trois actes, 1959. Voici un exemple typique de roman conçu pour attirer
les nostalgiques de Dumas: un Si la nature "commerciale" de cette démarche ne fait aucun doute, le roman de cape et d'épée qui en est l'objet n'est pas pour autant sans mérite. Les deux mousquetaires dont il est question sont d'Artagnan, curieusement passé chez les mousquetaires du cardinal et devenu totalement dévoué à ce dernier, et le jeune chevalier de Kernador, nouvelle recrue dans le même corps. Ce dernier est le véritable héros du roman, où d'Artagnan ne joue qu'un rôle secondaire après avoir fait entrer Kernador chez les mousquetaires en tentant sa loyauté (voir extrait ci-dessous). Enfant trouvé (mais qui, conformément à
la loi éternelle des romans populaires retrouvera ses
parents à la fin du récit), Kernador est un chevalier
sans peur et sans reproche, une sorte de d'Artagnan bis. Au long
d'un récit qui se déplace de Paris à la
guerre de Savoie en passant par la Touraine et autres lieux,
il affronte toutes sortes de périls au service du cardinal. La principale originalité du livre tient à son côté "roman d'espionnage": l'invention d'un canon perfectionné et les complots d'agents espagnols pour s'en emparer y prennent une place importante. Un louable effort documentaire de la part de Sébillot se traduit par de nombreuses notes de bas de page sur le contexte historique, les lieux, etc.. Le texte n'est pas trop mal écrit, mais l'intrigue souffre d'un recours exagéré aux coïncidences les moins vraisemblables. Signalons enfin que ce livre voit l'une des rencontres entre d'Artagnan et Cyrano de Bergerac. Respectant la différence d'âge réelle entre les deux hommes, Cyrano apparaît comme un garçon d'une dizaine d'années qui vient prévenir d'Artagnan de l'enlèvement de Kernador par ses ennemis et l'aide sérieusement à le délivrer en bombardant les ravisseurs à coups d'oeufs frais...
Extrait de la première partie Sincères amours et ténébreux desseins, chapitre 1 Un nouveau mousquetaire Kernador attendit dans un silence déférent que d'Artagnan lui adressât la parole, ce qui ne tarda point. - Vous avez, m'a-t-on dit, pris part au siège de La Rochelle - Ce furent là mes débuts, répondit Kernador. Je m'étais engagé dans la compagnie de M. de Noual, ne pouvant prétendre à entrer dans celle des Mousquetaires du Roi, sans quoi je vous eusse bien volontiers accompagné avec vos amis dans un certain bastion qui vous servit de salle à manger... Le rappel de cette prouesse fit sourire d'Artagnan. "Ceci me plaît, se dit-il, non pas que cela flatte mon amour-propre, mais cela me prouve que ce Kernador n'est point un sot. "En outre, il n'a pas éprouvé le besoin de me parler à cette occasion de ma bravoure, de me traiter de héros. Il a rappelé le fait, habilement, mais simplement... "Cet homme m'intéresse!" - Vous vous distinguâtes de votre côté, dit-il, en entrant un des premiers dans la place... - Le hasard des ordres donnés et des dispositions prises pour l'assaut m'ont favorisé en cela, répondit Kernador modestement. - Ah! les Mousquetaires du Roi! fit soudain d'Artagnan, quelle troupe magnifique et quel esprit de corps! quelle bonne camaraderie!... C'était le bon temps! ajouta-t-il en soupirant. - J'espère, fit Kernador un peu surpris, que le même esprit anime celui des Mousquetaires du Cardinal. - Hélas! non! dit d'Artagnan, et j'envie Athos et Porthos qui ne voulurent point me suivre et ont préféré continuer à servir dans la Compagnie de M. de Tréville. "Je ne vous aurais pas parlé de cela si vous n'aviez
évoqué ce souvenir de La Rochelle. - Et pourquoi cela? - L'esprit est différent... - Et puis, sans doute, vous avez parmi eux d'anciens ennemis avec lesquels vous croisâtes le fer plus d'une fois... - Ces rixes ont pris fin, d'abord parce que Son Éminence
a édicté de sévères mesures contre
le duel, et puis mon entrée dans sa garde a fait cesser
un peu l'animosité entre les deux compagnies, mais chacun
sait que je ne fus pas toujours des amis du Cardinal... Kernador écoutait attentivement ces paroles, stupéfait et même assez inquiet d'entendre son chef lui parler ainsi... - Le Cardinal est un grand ministre! dit-il. - Oui fit d'Artagnan, je l'ai cru pendant un certain temps, mais à vivre ainsi auprès de lui, j'ai bien changé d'opinion... Un silence se fit. Kernador, prudemment, se taisait. D'Artagnan le fixait Au bout d'une longue minute, il lui dit: - Je vais vous parler sans détour: - La mienne pour vous, dit Kernador, n'est pas moins grande, mais elle n'est pas spontanée puisque, de longue date, je connais votre bravoure et vos exploits... - Si vous pouviez, avec moi, reprit d'Artagnan,
rentrer dans la compagnie de M. de Tréville, nous reformerions un nouveau
groupe d'amis invincibles et entièrement dévoués
les uns aux autres
Vous remplaceriez Aramis! Les yeux de Kernador brillèrent. - Certes! cela me comblerait de joie! Jamais je n'aurais espéré à la fois cet honneur et cette occasion de me battre aux
côtés d'amis sûrs et vaillants comme vous
trois! - Qui vous dit, fit d'Artagnan en se penchant vers lui et en lui parlant à voix basse, que dans quelques jours le Cardinal sera encore ministre? - Comment cela? - Mon ami, voici ce qui va se passer: - Je vous le jure! dit Kernador très intrigué. - Voici, reprit d'Artagnan. - Que faut-il faire? - Rien! précisément, mais m'obéir... - Vous êtes mon chef et c'est mon devoir. Toutefois je ne comprends pas... - Un jour prochain, je vous place à un poste de garde. Des amis à moi se présentent... Ne m'interrompez pas! Vous les laissez passer. Ils entrent, ils enlèvent le Cardinal et son successeur vous nomme, vous... - C'en est trop,
Monsieur! s'écria Kernador d'un ton indigné
et en se levant. Si vous m'avez cru capable d'une telle félonie
vous vous êtes trompé! Je suis entré dans
la compagnie du Cardinal pour le servir loyalement et non pour
le trahir! Sachez que je le défendrai, au contraire, jusqu'à la
mort! - Puisque vous le prenez ainsi, dit d'Artagnan, en garde! Sur le champ! Ce secret doit rester entre nous et je vais vous tuer! - En garde donc! dit Kernador en faisant un saut en arrière et en dégainant. D'Artagnan contre Kernador! ajouta-t-il, la partie n'est pas égale, qu'importe! En garde! et battons-nous! D'Artagnan avait dégainé lui aussi, les épées se croisèrent à ce moment une porte s'ouvrit |
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