Les trois mousquetaires
Marcel Maréchal Pierre Laville François Bourgeat
27 pages 1982 - France Pièce de thêatre
Intérêt: *
A la lecture, cette adaptation théâtrale des Mousquetaires
ne présente guère d’intérêt. La pièce, créée le 11 mai
1982 àMarseille, est une adaptation très fidèle, mais
très plate, du roman.
Les auteurs se sont apparemment
fixé comme objectif de placer dans leur pièce le maximum
de scènes clé du livre de Dumas. Et ils y sont fort bien
parvenu. L’essentiel y est donc, du départ du jeune
Gascon de chez ses parents jusqu’à l’exécution de
Milady.
Une multitude de tableaux, parfois très brefs,
permettent au spectateur de retrouver la trame du récit,
assaisonnée de nombreux duels et combats.
Malheureusement cette adaptation très littérale manque
d’invention. Nulle prise de distance et peu d’humour
dans ce texte, à une – grosse – exception près:
l’épilogue, qui voit d’Artagnan accéder au statut
d’icône française en s’élevant dans les cieux! (voir
extrait ci-dessous).
Cela dit, il est probable que le seul texte ne rend pas
justice à cette adaptation. A en juger par
l’enthousiasme des commentaires de la presse de
l’époque, le spectacle, qui a connu de nombreuses
représentations, était un régal!
Extrait de l’Epilogue
D'Artagnan se retourne vers de Tréville.
DE TRÉVILLE. Un Gascon succède à un autre Gascon.
Allons, acceptez! Pensez à la fierté de la cité de
Tarbes.
LE CARDINAL Si personne ne veut de ce brevet chevalier,
c'est que personne n'en est plus digne que vous.
Donnez-le moi, je vous en prie. Je tiens à écrire
moi-même votre nom et fasse le ciel que jamais vous ne
reveniez sur cette bonne décision.
D'ARTAGNAN. Je n'aurai donc plus d'amis, plus rien que
d'amers souvenirs.
ATHOS. Vous êtes jeune. Avec le temps, ils deviendront
doux souvenirs.
Entrée du roi.
LE ROI. Monsieur d'Artagnan, félicitations sincères. Je
viens d'apprendre votre promotion, bravo. Monsieur de
Tréville m'a régulièrement informé de vos prouesses et
vous n'avez cessé de monter dans mon estime.
Comme on vous le laissait deviner, d'Artagnan
s'élève lentement dans les airs.
LE CARDINAL. Vous voilà aux pieds de l'échelle de
l'immortalité. C'est votre génie qui vous permet une
telle ascension.
LE ROI. Théologiquement parlant, il s'agit plutôt
d'assomption, Eminence. Le ciel de la célébrité vous
attend, monsieur d'Artagnan!
Entrent précipitamment Planchet et M. Bonacieux.
PLANCHET. Monsieur d'Artagnan, monsieur d'Artagnan, je
viens d'apprendre que vous gravissez les échelons de...
(Muet de stupeur en apercevant l'ascension de
d'Artagnan.) Restez avec nous, monsieur
d'Artagnan.
M. BONACIEUX. Monsieur d'Artagnan, je vous en supplie,
revenez! Restez humain!
LE ROI. Monsieur d'Artagnan, si vous redescendez, je
vous fais Maréchal de France.
LE CARDINAL. Le vide des espaces infinis l'attire.
LE ROI. On ne le voit plus! On ne le voit plus! Allez
me chercher la lunette du Florentin!
LE CARDINAL. Le tube de Galilée! Et le Vatican, Sire,
qu'en faites-vous!
LE ROI. En ce jour d'Assomption, le Roi de France
abolit la censure.
M. BONACIEUX (présentant la lunette au roi).
Voilà, Sire.
LE ROI (regardant à la lunette). Ah! je le
vois. Il faut, il faut qu'il revienne.
LE CARDINAL. Il est à nous. Ne le laissons pas
échapper. Qu'on amène le canon.
LES TROIS MOUSQUETAIRES (indignés). Le canon!
LE CARDINAL. La belle Berthe est seulement dissuasive.
Notre d'Artagnan doit nous revenir. Il le faut pour
vous, mousquetaires, et pour le bon moral du peuple de
France.
M. BONACIEUX (amenant le drapeau tricolore).
Tendons ce drap aux couleurs de la France.
LE CARDINAL. Mais ce ne sont pas les couleurs de la
France.
LE ROI. Croyez-le, cela ne saurait tarder, n'est-ce pas
Planchet?
PLANCHET (s'affairant au canon). Ça ira! Ça
ira! Attention, je vise. Plus à l'est, le drap. Non,
non, un peu plus à l'est... à l'ouest... plus au nord...
non, non, plus au sud.
LE ROI (toujours avec la lunette). Ah! il est
de plus en plus magnifique, telle une comète à la
chevelure de feu.
PLANCHET. Feu! (Un coup de canon part.)
LE ROI (avec la lunette). Ah! Ah! Il est
touché. C'est lui. Le voilà. Il plane. Il redescend. Il
nous revient. Français, Françaises, tendez le drapeau. (Tous
tendent les couleurs de France... et descend des
cintres tombant dans le drapeau un petit parachute.
Stupéfaction! Le roi, visiblement ému, s'adresse en
bégayant au petit parachute.) Monsieur le
Maréchal… Amis, rendez hommage à la dépouille d'un
Maréchal de France.
Tous se mettent à genoux. Planchet se relève et
aperçoit le message. Il le déplie et le lit.
PLANCHET. «Nous nous sommes tant aimés. Je ne peux vous
quitter à jamais. Rendez-vous vingt ans après. Signé:
votre Tatagnan.»
TOUS (se lèvent et indignés). D'Artagnan!
FIN
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