The last musketeer
Joshua Isaac Smith II
204 pages Destiny West - 1994 - États-Unis Roman
Intérêt: *
Parmi les nombreux livres inspirés par Dumas et son
œuvre, celui-ci est sans doute l’un des plus surprenants
– à défaut d’être parmi les meilleurs. Sa structure
complexe, une certaine irrationalité et de nombreuses
incohérences en rendent le résumé particulièrement
difficile. Essayons tout de même.
Le premier niveau du roman porte
sur l’histoire d’une famille de Noirs américains
contemporains. Elle est évoquée par une succession de
scènes parfois séparées par plusieurs années et sans
lien direct entre elles.
L’histoire commence au Vietnam, au tout début de la
guerre. On y voit le major Alexander Palletree, jeune
militaire à la brillante carrière, le Noir le plus gradé
de l’armée américaine, pratiquer un hold-up, apparemment
pour mettre sa famille à l’abri du besoin. A la suite de
quoi il meurt, mystérieusement assassiné.
Il laisse à son fils l’«Epée du Maure», qui vient en
droite ligne de son ancêtre Alexandre Dumas. Car il est
un «Palletree», nom que l’auteur utilise de bout en bout
pour désigner la famille de Dumas, au lieu du vrai nom,
Davy de la Pailleterie.
L’histoire se déplace ensuite vers la femme du major,
Veronica, et son fils, Victor Alexander. La
préoccupation principale de Veronica semble être de
transmettre au jeune Victor l’héritage moral et
spirituel qui s’attache à la lignée Dumas/Palletree et à
l’Epée, et qui remonte à 10.000 ans, à Troie, aux rois
d’Ethiopie, etc., incarnant la glorieuse histoire du
peuple noir.
Jeune homme, Victor fait un bébé à sa petite amie
blanche qui, sans que l’on sache pourquoi, ne lui dit
pas qu’elle est enceinte et en épouse un autre. Des
années plus tard, Victor est entrepreneur dans les
hautes technologies. Il met au point un procédé de
réalité virtuelle très prometteur qu’il teste en
fabriquant une sorte de jeu de rôle basé sur Les
trois mousquetaires. Le père de son ancienne
petite amie (qui ignore leurs relations) cherche à
l’évincer de la direction de la société.
Il renoue avec la fille et, sous l’impulsion de sa mère
Veronica, entreprend de jouer enfin son rôle de père
vis-à-vis de son jeune fils. Sa petite famille est
traquée par des affreux qui veulent récupérer un coffre
plein de papiers mystérieux…
En parallèle à cette intrigue contemporaine, le texte
comprend des extraits du journal de la marquise
Marguerite de la Palletree, cousine et contemporaine
d’Alexandre Dumas, journal en possession des descendants
américains de la famille. Elle y évoque différents
aspects de la vie de celle-ci: comment l’Epée du Maure a
été donnée par Louis XVI au marquis de la Palletree
quand il l’a exilé aux Caraïbes; la vie d’Alexandre
Dumas, dans son château de Monte-Cristo notamment; et
encore et toujours la grande tradition de l’héritage
immémorial de la famille, faite d’Honneur, de Justice,
de Vérité…
Selon cette tradition, le mâle de la famille en vie à
une époque est le «dernier mousquetaire» (d’où le titre
du livre), jusqu’à son remplacement par la génération
suivante. Une tradition grandiose qui n’empêche
nullement, il faut le noter, les «derniers
mousquetaires» de voler, de négliger leurs enfants, etc…
Peu cohérente, cette intrigue est rendue encore moins
lisible par toutes sortes de bizarreries. Certaines sont
très anecdotiques, mais bien surprenantes. Il en va
ainsi des nombreuses déformations de noms français.
Pailleterie, on l’a vu, est remplacé par Palletree. Mais
ce n’est pas tout: d’Artagnan devient d’Artagnon; Alfred
de Vigny devient de Vichy ; Villers-Cotterêts,
ville natale de Dumas, se transforme en
Villiers-Coterie. Les fautes de ce genre sont si
nombreuses que l’on se demande parfois si elles ne sont
pas volontaires. Mais elles ne sont pas non plus
systématiques – bien d’autres noms français sont bien
orthographiés – et l’on ne voit aucun explication pour
des déformations volontaires.
Dans le même ordre d’idée, de nombreuses aberrations
apparaissent dans la description de la France ou de son
histoire. Par exemple, le château de Monte-Cristo bâti
par Dumas est décrit comme tellement immense qu’on le
voit depuis Paris (enfin, peut-être s’agit-il là d’une
licence poétique).
La plus extrême confusion prévaut également en ce qui
concerne les origines de Dumas. L’auteur ne semble pas
faire clairement la différence entre les Dumas et les
«Palletree». Très curieusement, les héros du livre
répètent inlassablement qu’ils sont «un Palletree et un
Dumas». Même confusion en matière de race: Smith a l’air
de penser que la famille Palletreee, tout comme la
famille Dumas, est noire. Et qu’Alexandre Dumas est
ainsi une sorte de héros de la race noire.
A la fin de ce bien étrange roman, on peut se
raccrocher à quelques brefs éléments communiqués sur
l’auteur dans l’habillage du livre. On y apprend que
Smith s’est inspiré «des relations de famille réelles»
d’Alexandre Dumas. Et que son héros Victor «est, comme
Dumas et Smith, le produit de familles brisées et de
relations paternelles disloquées».
L’impression qui prévaut est donc que Smith est tombé
sur une biographie de Dumas, dont il aura retenu
quelques éléments concernant l’histoire du marquis de la
Pailleterie, du fils qu’il a eu avec une esclave noire
(qui deviendra le père d’Alexandre Dumas), et peut-être
aussi des relations difficiles entre Dumas père (auteur
des Trois mousquetaires) et Dumas fils (auteur
de La dame aux camélias).
A la suite de quoi il aura écrit ce roman où l’on
devine de douloureuses expériences personnelles en
matière de relations père/fils, ainsi qu’un désir
poignant de «réhabilitation» des origines des Noirs
américains.
Extrait du chapitre 3
(lettre posthume du major Alexander Palletree
concernant l’éducation de son fils Victor)
(...) I’m not sure where I am right now, but I know
that by this time I am beyond where you can contact me,
or worse, I'm dead. Whatever the case, I have left you
all the account information as we planned, and my sword,
the Sword of the Moor. Inside the sword's black case you
will find documents and letters that tell my son
everything about himself. I beg you Stephen to somehow
contact Jacques and give my son, Victor Alexander, the
sword along with the letters when he changes into
manhood. Pledge to me a posthumous vow that you will
give my son his heritage as I was given mine. He is a
Moor, a Palletree and a Dumas, a Last Musketeer. His
lineage is not that of a slave in America, but that of
Ausar and Auset, and Memnon, King of the Ethiopians.
With this sword he will go forward in his life, and with
the knowledge of who he is, a defender of Egypt,
Ethiopia and Troy, he will himself conquer life. Do this
for me Stephen, in honor of our friendship and brotherly
love. When you see Veronica and Victor, give them the
legacy of the Last Musketeer. Tell them as Memnon told
Hector at Troy, and Memnon VIII told the court of King
Louis: "Remember that riches and gold pale when compared
to the treasure born within you, buried within your
soul. The Sword of the Moor represents the first and the
last, the beginning and the end, the legacy of gods.
Always trust that treasure that is buried within you.
That is the legacy of our People of the Kamit."
Everything about the sword and its legacy is contained
in a diary which I've left you. Give this to my son as
well. The two are inseparable. Thank you my friend, and
goodbye. Care for my family as I would. In the fullness
of time, we may see each other again, in this world or
another.
With all my gratitude, your brother,
Alex
|