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Montecristo, un amor, una venganza

Adriana Lorenzon
Marcelo Camano

496 pages
Aguilar, Altea, Taurus, Alfaguara - 2006 - Argentine
Roman

Intérêt: *

 

 

Voici une adaptation de Monte-Cristo qui sort de l’ordinaire, tant pour sa forme – désastreuse – que pour son retentissement – exceptionnel- dans son pays d’origine, l’Argentine.

Ce livre est en fait la version romanesque d’un feuilleton télévisé – une « télénovela » comme l’Amérique latine en a le secret – à grand succès.

Comme le nom de l’œuvre l’indique expressément, l’histoire s’inspire fortement du Comte de Monte-Cristo, du moins dans ses très grandes lignes.

On y suit les aventures de Santiago Diaz, jeune avocat brillant à qui tout réussit, fiancé à la belle Laura et doté d’un « meilleur ami », Marcos Lombardo. La vie de Santiago tourne au cauchemar quand son père est assassiné. Juge d’instruction, il enquêtait sur les crimes commis pendant la dictature militaire en Argentine, et notamment sur le père de Marcos, qui avait été médecin dans une prison clandestine des militaires.

En même temps que son père est assassiné, Santiago, en voyage au Maroc, est victime d’une machination: accusé d’un crime, il disparaît dans les geôles marocaines. Tout le monde le croit mort et Marcos Lombardo en profite pour épouser Laura.

En prison, Santiago rencontre un vieux détenu qui lui lègue un trésor (si! si!). Il s’évade et revient en Argentine, décidé à se venger.

Après ce début calqué sur le roman de Dumas – le faux passeport avec lequel Santiago revient en Argentine est carrément établi, avec beaucoup de finesse, au nom d’Alejandro Dumas (voir extrait ci-dessous) – suivent des centaines de pages de péripéties aussi rocambolesques que vite expédiées: enlèvements évasions, trahisons, histoires d’amour mettant aux prises le clan Lombardo et le clan Santiago. Au bout du compte, tout finit bien: les méchants sont punis et Santiago retrouve Laura ainsi que son fils, que tout le monde croyait être celui de Marcos, mais qui était en fait celui de Santiago…

En tant que roman, le livre est une catastrophe. Ce sont les auteurs du feuilleton télévisé qui l’on écrit, mais sans se donner le moindre mal pour en faire un vrai roman.  Le livre se présente sous la forme d’une succession de très brèves scènes (1,5 page le plus souvent), visiblement calquées sur celles du téléfilm. Aucune mise en perspective, aucune réflexion, aucun commentaire: il s’agit de la simple description de ce que l’on pourrait voir à l’écran. Un «procédé littéraire», si l’on ose dire, qui ne fonctionne pas du tout: les événements se succèdent à un rythme infernal, sans aucune explication ni souci de vraisemblance. Et ce qui pourrait peut-être passer à l’écran devient totalement indigeste à la lecture.

L’histoire s’en trouve donc complètement absurde. La découverte du trésor est expédiée en quelques pages et il n’en sera plus jamais question. La planification méticuleuse de la vengeance de Monte-Cristo est remplacée par des manœuvres aussi impulsives que sans lendemain. La personnalité de Santiago n’a aucun rapport avec celle du comte: complètement irréfléchi, il doit être à plusieurs reprises retenu par ses amis pour l’empêcher d’aller attaquer physiquement sur le champ les Lombardo…

En revanche, tous les ingrédients classiques d’une télénovela sont là: des histoires d’amour dans tous les sens entre les – nombreux – personnages des deux camps, des cas de conscience déchirants, des ambitions insatiables, des haines implacables, des dévouements sans limites…

Il s’en faut de peu, donc, que l’œuvre ne soit complètement nulle. Elle est tirée du néant par le fait que l’histoire s’enracine dans les heures les plus sombres des années récentes de l’Argentine. Le secret que le père de Lombardo voulait à tout prix étouffer, c’est son travail de médecin au service de la dictature et son rôle dans les enlèvements de bébés de victimes de la répression nés en captivité et donnés à des familles de militaires. Et précisément, une femme très proche de Santiago se révèle être un enfant de disparus qui a été confié à la famille d’un tortionnaire.

Cette dimension de Montecristo, un amor, una venganza a valu au téléfilm un succès colossal en Argentine. Il a même amené de nombreux jeunes Argentins à s’interroger sur leurs origines et à contacter l’association des Grand-mères de la Place de Mai pour tenter de savoir s’ils n’étaient pas, eux aussi, enfants de disparus.

Le mythe de Monte-Cristo aura ainsi, à sa façon, contribué à aider les Argentins à affronter les pires horreurs de leur histoire récente.

 

Extrait de la première partie Marruecos: la traicion

Ya en el hospital, con Santiago internado para hacerse los controles previos a la cirugia, Victoria recibio un nuevo paquete en el consultorio. Ansiosa, se lo llevo a Santiago a la habitacion para abrirlo juntos, pensando a esa altura que era como una especie de rito de la buena suerte. Santiago abrio la caja y se encontro con un ejemplar de El conde de Montecristo, la famosa novela de la que tanto le habia hablado su querido maestro Ulises. Comenzo a recorrer las paginas intrigado, hasta que encontro, escondido entre las hojas, un pasaporte que llevaba impresa su nueva identidad. De ahora en mas se llamaria Alejandro Dumas.

* * *

Rodeado por el equipo de cirurgia que dirigia Victoria, Santiago
la miro por ultima vez.

— Como estas — Victoria hizo una pausa para recordar —, Alejandro?

— Bien — respondio Santiago con una sonrisa.

— Ahora vas a ir durmiéndote — dijo ella con ternura — por el efecto de la anestesia.

Santiago le tomo la mano con fuerza y Victoria lo acaricio emocionada.

— Hasta luego — le dijo —. Todo va a salir muy bien. Dos, uno, tranquilo, tranquilo.

Santiago vio a Laura tal como la habia despedido en el aeropuerto diez anos atras, la vio acercandose, sonriendo, besandolo, poniéndose el anillo marroqui que él le entregaba y escucho por ultima vez la voz de Victoria hablandole al oido.

— Estas en un lugar muy tranquilo, yo te voy a cuidar.

— Esperé tanto este momento, mi amor — murmuro emocionado al sentir a Laura tan cerca.

— Dormi, Santiago, dormi — susurro Victoria — para que cuando
despiertes seas Alejandro Dumas, el que vuelve a buscar lo suyo.
Dormi, mi querido, dormi, que yo te cuido.


 

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