A Monte Cristo in khaki The story of a self-made nobleman
Richard Henry Savage
294 pages The Home Publishing Company - 1903 - États-Unis Roman
Intérêt: *
Voleur, escroc, faux-monnayeur,
assassin: si l’on cherche, dans la multitude des livres inspirés
par le roman de Dumas un «anti-comte de
Monte-Cristo», Bernard
Reilly, le triste héros de A Monte Cristo in khaki, peut faire
l’affaire… Pas
la moindre soif de justice et de vengeance chez cet individu cynique
qui ne s’intéresse qu’à sa prospérité personnelle
et qui ne partage finalement avec Edmond Dantès que deux caractéristiques: il entre en possession d’une énorme fortune et en profite
pour changer d’identité.
L’histoire commence aux Etats-Unis, en 1898, quand Reilly intègre
l’armée américaine. Il a derrière lui une déjà solide
expérience militaire et a beaucoup bourlingué: il a vécu
des années en Chine, parle de nombreuses langues… Ses qualités
de rigueur, d’organisation et le sérieux de son caractère – il
ne boit pas, ne fréquente pas les femmes de mauvaise vie, applique
les règlements de façon exemplaire – en font rapidement
un homme indispensable dans le fonctionnement du régiment.
Mais en réalité, Reilly est un escroc. Il vole dans la caisse,
se livre à des trafics en tous genres, avec une telle habileté que
personne ne le suspecte. Pendant l’expédition menée
par les forces américaines à Cuba, contre l’armée
espagnole, Reilly se livre même à un trafic de fausse
monnaie.
Sa chance arrive quand un corps expéditionnaire américain
est envoyé en Chine pour secourir les légations occidentales
assiégées dans Pékin par les Boxers. Connaissant le
pays et la langue, Reilly est chargé d’assister le général
commandant la troupe dans l’organisation de l’expédition.
Il se trouve que Reilly connaît l’existence, à San Francisco,
d’un notable chinois, le «Mandarin caché», qui
y vit dans la clandestinité en attendant de trouver le moyen de
retourner dans son pays. Le soldat américain propose à ce
dernier de l’emmener avec le corps expéditionnaire, en échange
d’un partage de son secret: le mandarin, qui était haut dignitaire à la
Cour impériale, a mis la main, lors du pillage du Palais d’Eté,
sur plusieurs caisses de joyaux de l’Empereur de Chine, qu’il
a cachées au cœur de la Cité Interdite de Pékin.
Dès lors, les deux hommes se fixent comme objectif de récupérer
le trésor à l’occasion des combats qui vont se dérouler.
Reilly s’associe avec un Français vivant en Chine, Dubois,
et la compagne de ce dernier, Jeanne.
Arrivés à Pékin, après la victoire des troupes
occidentales, les associés récupèrent le trésor.
Reilly laisse Dubois assassiner le mandarin, puis pousse Jeanne à tuer
Dubois. Il épouse alors la jeune femme, et le couple récupère
donc la totalité des fabuleux joyaux.
Bernard et Jeanne s’installent alors en Europe. Reilly se fait
passer pour l’héritier d’un comte Desmond, milliardaire
imaginaire mort en Amérique du Sud. Il en prend le nom et le titre
et, grâce à sa
fortune, se fait accepter sans problème dans la bonne société européenne.
Fin du roman.
Celui-ci, on le voit, ne s’inspire que de façon
très lâche du Comte de Monte-Cristo. Au tout début
du livre, il est bien fait mention du fait que Reilly est originaire
d’une
bonne famille, et qu’il a été dépouillé de
son héritage par un beau-père peu scrupuleux. Mais
c’est
une fausse piste: une fois parvenu à la richesse, il n’entreprend
absolument pas de se venger.
Dans l’esprit de l’auteur, en fait, l’objectif de Reilly
est de devenir un «Monte-Cristo en kaki» (c’est à dire
un Monte-Cristo militaire), ce qui signifie simplement mettre la
main sur une fabuleuse fortune. Reilly lui-même décrit à plusieurs
reprises son objectif comme étant de «devenir un Monte-Cristo».
De ce fait, l’exploitation des thèmes de Dumas demeure des
plus ténues: le Monte-Cristo en kaki n’a vraiment
pas grand chose en commun avec le vrai. Au point que l’on peut
se demander si Savage n’a pas trouvé là un prétexte
commode pour donner un titre vendeur à son livre.
Ce dernier n’en est pas moins assez curieux. Ouvrage totalement militariste,
il s’intéresse en grand détail au fonctionnement de
l’armée américaine et à ses campagnes militaires.
A cet égard, la description de l’expédition en Chine
contre la révolte des Boxers menée par les troupes de nombreux
pays occidentaux est particulièrement intéressante.
Extrait
de la 3ème partie The transformation of Bernard Reilly, chapitre
12 In the Jewish Quarter at Amsterdam
The instant despatch of an order to
send his New York hoard on to the Crédit Lyonnais, at Paris,
being attended to, Bernard Reilly for a week, in a private room of
the Bank of
Amsterdam, aided by the jubilant Jeanne, achieved an inventory of all
the jewels, selecting fair samples to an extent of one-sixth of the
joint ownership.
"We dare not display more at present," was Reilly's cautious advice. "I
have to allow the story of Count Desmond's great inheritance to ripen.
We can afford to lose a year's interest on the remainder. Both pearls
and diamonds are rising in value. As for the rubies, sapphires and
other articles,
they are fixed in price. Let us hasten the matter, as in three days
I expect the agents of the Hotel Druot, Tooth and Christie here to
catalogue and
value the collection. We will invest all these proceeds, save twenty
thousand dollars, for our first year. We will move slowly in choosing
a villa at
Cap Martin. There are always rich Russians or broken nobles going to
the wall, and you shall choose."
It was Jeanne’s delight to select from the whole vast treasure
such nonpareils as caught her fancy.
"These, ma belle," he said, "shall be your own little bulwark
against any stroke of fate."
The cases sealed and reconsigned to the huge steel vaults of the
invincible bank, Bernard Reilly proceeded to a three days' valuation
of the gems
selected for sale by the bank's expert. The days were broken up with
excursions
and the stately hospitalities which drew the Consuls and the bank
manager together at the Hotel Amstel.
"Foreigners of distinction," was the verdict passed upon the
pair by the calm Hollanders, not attracted by glare and display.
Reilly's well
woven story filtered through the financial circles of Amsterdam and "General
Count Desmond" became an accomplished fact. For two hours daily
Reilly opened the one steel case in which the gems for sale were
carefully sealed
each day, and, seated across a plain wooden table, watched the expert
at his work. The fee of five hundred florins was a pleasant one for
the grey
haired veteran judge.
On the third day the old Hollander laid aside his scales, his testing
apparatus, his tables and paraphernalia, and committed himself to
recondite calculation.
With a sigh of envy he finally handed a signed valuation to the anxious
adventurer.
"In your money, Captain Reilly," he said, "One hundred and
eighty thousand dollars! For a commission of one-tenth of one per cent.
I will
accompany you and guarantee the sale."
Pale and trembling, the ex-marine accepted his offer. |