Captain of the Monte Cristo
Sarah K. L. Wilson John Gunningham
208 pages Autoédition - 2017 - Canada SF, Fantasy - Roman
Intérêt: *
Ce roman commence comme une transposition directe et
précise du Comte de Monte-Cristo dans
l’univers de la science-fiction. Edmond Dante (et non
Dantès) est lieutenant à bord d’un vaisseau spatial où
officient également Mercedes, médecin du bord, Fernand
Mondego, chef ingénieur, et Villefort, commissaire de
bord. Le vaisseau subit une attaque de pirates de
l’espace qui blesse très grièvement le commandant.
Edmond Dante prend une décision gravissime : aller
se poser sur la planète Elba pour y faire hospitaliser
le commandant. Elba est une planète interdite :
Nathan Napoleon, un ancien responsable de la Compagnie
qui dirige l’univers humain, y a été exilé pour
trahison. La planète est en quarantaine et quiconque
prend contact avec elle est considéré comme traître.
Edmond prend malgré tout ce risque pour sauver son
commandant. Il est arrêté et envoyé sur la planète
prison du Château d’If, d’où personne ne revient jamais.
Il en sort malgré tout dix-huit
ans plus tard. Devenu pirate de l’espace, il part à la
recherche d’un mythique vaisseau spatial, le Monte
Cristo. Celui-ci ne ressemble à aucun autre. Il s’agit
d’un « bio-ship », une colossale fusée mi
mécanique mi organique, dont le cerveau dispose de
gigantesques pouvoirs psychiques. Edmond fait alliance
avec le Monte Cristo qui met sa puissance à sa
disposition.
Edmond se rend alors sur la station spatiale New Rome,
sous les apparences d’un extraterrestre afin de ne pas
être reconnu. C’est sur New Rome que prend place une
composante essentielle de cette société : le jeu de
« bacarrae ». Il s’agit d’une sorte de jeu
guerrier où s’affrontent elfes, gobelins et autres
zombies dans un mode de réalité virtuelle extrêmement
poussé. Les enjeux des parties deviennent vite
considérables : les joueurs peuvent perdre des
fortunes, mais aussi un membre, leur liberté, leur vie…
Sur New Rome, Edmond retrouve Villefort, représentant
de la Compagnie, Fernand, devenu haut dirigeant de
celle-ci, Mercedes, qui a épousé ce dernier. Personne ne
le reconnaît, d’autant que le Monte Cristo agit sur
leurs cerveaux pour y « brouiller » l’image de
Dante.
Ce dernier multiplie les combats de bacarrae, qu’il
gagne grâce à l’appui psychique du Monte Cristo. Après
un premier combat contre Albert Mondego, fils de Fernand
et Mercedes, il s’en fait un allié pour les combats
suivants. Quand leurs succès au jeu leur suscitent de
puissants ennemis, Edmond sauve la vie d’Albert, ce qui
lui vaut la gratitude éperdue de Mercedes.
Avec l’aide de l’esprit du Monte Cristo, il exhume
toutes les malversations de Villefort, qu’il pousse au
suicide. Un dernier combat au bacarrae l’oppose à
Fernand avec comme enjeu : tout – tout ce qu’ils
possèdent, leurs proches, etc. Edmond l’emporte mais
Mercedes est tuée en contrecoup de l’affrontement.
Edmond s’en va, accompagné par Albert dont il a été
révélé qu’il était son fils et non pas celui de Fernand.
Le livre commence plutôt bien. La transposition du
roman de Dumas est réussie, avec des personnages qui
correspondent à leurs modèles sans en être des copies
conformes, l’idée amusante de la planète interdite Elba,
etc. Les choses se gâtent tout de suite après. On ne
comprend pas en quoi Villefort et Mondego ont trahi
Edmond : celui-ci s’est condamné tout seul en
atterrissant sur une planète interdite. Bizarrement,
tout la période « château d’If et abbé Faria »
disparaît : son existence n’est mentionnée qu’en
quelques lignes. Pas plus d’explication sur l’évasion
d’Edmond, la nature du « trésor » que
constitue le vaisseau spatial Monte Cristo ou sur
comment Dante l’a retrouvé.
La suite change complètement de registre. Dès l’arrivée
d’Edmond sur New Rome, l’essentiel du roman consiste en
de longues descriptions de parties de bacarrae,
c’est-à-dire d’affrontements de personnages de jeux
vidéo dotés de pouvoirs spéciaux, etc. On retrouve bien
de ci de là des échos du roman de Dumas dans les
relations entre Edmond et Albert par exemple, mais de
façon assez fugitive. Dante n’acquiert pas non plus les
caractéristiques de son modèle dumasien : il
demeure impulsif, se laisse emporter par sa vindicte…
En définitive, Captain of the Monte Cristo
donne l’impression que ses auteurs ont commencé par
vouloir réaliser une transposition poussée du roman de
Dumas mais ont ensuite bifurqué vers autre chose, un
roman beaucoup plus inspiré par un classique de la
science-fiction comme The player of games de
Iain M. Banks (grand roman de SF décrivant une société
basée sur la pratique d’un jeu à outrance), avec un
résultat manquant sérieusement de cohérence.
Extrait du chapitre 18
Villefort dropped Dante off in the skimmer.
"As always, I wish to express that we are so grateful
to you for accepting our hospitality."
Dante didn't listen, his mind on the game ahead. It was
a level-four bet, and if he lost this one, he would
suffer grievous harm to either his person or his credit
account.
"I thought you could, perhaps, use some personal
attention from me." Villefort's eye tic was more
pronounced as he spoke. "The Company requires certain
protocols for the profit from bets. I could help you
keep your dealings legal with no extra charge - as a
friend."
"How would that work?"
"If you gave over signing authorization for you, I’d
deal with all your legal work. You could forgo the
standard skim the Company takes on your profits and I
will find you better rates."
"I'll think on it."
Villefort's smile was a bit too eager. Ah. So that was
his angle. He was either planning to skim some off the
top using his "signing authority" or frame Dante in
Company tax evasion by not paying the rates correctly.
He and the Monte Cristo had wondered exactly
how Villefort had gained access to so many foreign
accounts. Now they knew.
Oh, he does more than that. I 've been watching.
Money laundering through multiple accounts, loan
sharking, and a lot of skimming - he’s a busy man.
He won 't frame me again.
No. This time, we 'll be working an angle.
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