Les aventures des mousquetaires en Europe de l’Est
par Gennady Ulman*
You kill the foes, and have a simple answer,
Be always plucky, and if needed, sly,
And steel is ardent as a real panther,
And d’Artagnan unable is to die
Gennady Ulman, My musketeers
(lire la version
originale en anglais de cet article)
A lire également: les
suites de Monte-Cristo dans les pays de l'Est
En Russie, tout le monde sait ce qu’est un mousquet:
tout simplement un vieux fusil que l’on utilisait voici
quelques centaines d’années. Mais le mot “mousquetaire”
a une toute autre signification. Quand on l’entend, le
coeur s’émeut, le poing se serre, et n’importe quel
garçon rêve de devenir aussi courageux que d’Artagnan,
aussi fidèle que Porthos, aussi noble qu’Athos et aussi
sophistiqué qu’Aramis.
Compter tous les livres qui mentionnent les noms de ces
héros serait une tâche quasi impossible. Je crois que je
ne me tromperais pas de beaucoup si j’affirmais que les
trois quarts des livres publiés dans l’ex-Union
soviétique mentionnent d’une façon ou d’une autre les
mousquetaires. Leur présence peut être détectée dans
tous les genres du roman d’aventures: les romans
policiers, la science-fiction, la fantaisie, les livres
pour enfants, les romans psychologiques, etc…
Avant de commencer à énumérer les véritables pastiches,
suites ou hommages, j’aimerais dire un mot sur ces
traces que l’on peut relever dans des histoires
appartenant à des genres différents et que l’on peut
considérer comme des hommages au grand écrivain.
Les frères Arkady et Boris Strougatzky, des auteurs
classiques de science-fiction dont les livres ont été
traduits en de nombreuses langues (dont le français et
l’anglais), ont utilisés plus d’une fois la thématique
des mousquetaires. La bravoure, la volonté de se
sacrifier pour un ami, le principe sacré «Tous pour un,
un pour tous», l’unité contre un ennemi commun (qu’il
s’agisse d’un monstre extra-terrestre ou d’un être
humain) sont des notions explorées par eux dans leurs
célèbres romans Hard to be god, Coming back.
Afternoon. XXII Century, The country of the
purple clouds.
Le nombre des mousquetaires peut varier – il peut y en
avoir deux, trois, quatre ou cinq. Dans Hard to be
god, un seul personnage combine en fait presque
toutes les caractéristiques des quatre héros! Mais ce
personnage principal est un véritable mousquetaire.
Il s’agit d’un être humain déguisé vivant sur une autre
planète et qui observe la vie du 17ème siècle à peu près
comme elle était décrite dans les romans de la planète
Terre. Il n’a pas le droit d’intervenir dans les
événements, il ne peut qu’observer et sauver des mains
du roi quelques écrivains, savants et poètes potentiels.
Mais vivre ainsi est impossible: l’esprit des
mousquetaires, la pitié envers les faibles l’amènent à
s’engager. Le Terrien, diplômé d’une grande université,
se saisit d’une épée et combat l’injustice.
Le meilleur exemple, dans l’œuvre des Strougatsky, est
peut-être Coming back. Afternoon. XXII Century.
Il s’agit d’un récit mené sur de multiples plans, dans
lequel les auteurs racontent l’histoire d’un vaisseau
spatial qui revient sur Terre après plus de deux siècles
de voyage.
Dans l’une des longues nouvelles qui composent le roman,
les auteurs font figurer trois camarades qui ont vécu
dans la même pension, sont intrépides, prêts à défier
l’espace et ses dangers. L’un d’eux, le plus sérieux, un
jeune homme plein de nobles principes, est surnommé
«Athos». Au point que bien peu de gens se souviennent de
son vrai nom, Mikhail Sidorov. Ses amis, pour leur part,
affichent toutes les caractéristiques des célèbres héros
de Dumas.
On pourrait trouver des foules d’exemples de ce type,
sans parler des simples mentions, allusions et
comparaisons… Mais il y a aussi, bien sûr, des pastiches
et des suites directes à l’histoire des mousquetaires.
Les mousquetaires en Russie
Le retour des trois mousquetaires
Nikolai Harin
495 pages
Editions Vagrius, Moscou, 1997
D’Artagnan à la Bastille
Nikolai Harin
495 pages
Editions Vagrius, Moscou, 1997
Nikolai Harin, pour ce que l’on en sait, est professeur
de mathématiques en Russie. L’année de sa
naissance n’est pas précisée. Il a écrit là une suite
très sérieuse aux Trois mousquetaires, où il mystifie le
lecteur dès la préface. Il y raconte que son arrière
grand-père, qui vivait à Voronezh, au centre de la
Russie, avait dans son grenier une malle contenant un
manuscrit dédicacé «A mon ami Theodor. Nijni 1858. A.
D.» Selon la tradition familiale, ce manuscrit était
bien de la main de Dumas. Ce dernier, en voyage en
Russie à cette époque, avait visité la célèbre foire de
Nijni Novgorod. C’est là qu’il aurait rencontré
l’ancêtre de Nikolai Harin et, en témoignage
d’admiration, lui aurait offert ce manuscrit inédit.
Comme chacun sait, le français était alors quasiment la
langue natale de tout Russe éduqué, si bien que
l’ancêtre d’Harin avait parfaitement compris la valeur
de ce manuscrit. Et aujourd’hui, poursuit l’auteur dans
sa préface, il estime qu’il est juste que tout le monde
puisse prendre connaissance des aventures inédites des
quatre héros.
Assez compliquée, l’intrigue du roman commence
immédiatement là où s’arête Les trois mousquetaires.
D’Artagnan, on s’en souvient, obtient le grade de
lieutenant. Porthos va démissionner pour se marier.
Aramis se rapproche de plus en plus des Jésuites.
La Rochelle est toujours assiégée. Ses habitants
souffrent de la famine. Le cardinal décide de les
pousser à la reddition. Il confie cette tâche à
d’Artagnan, qu’il envoie à La Rochelle déguisé en simple
gentilhomme. Sa mission consiste à informer le
commandant de la ville et ses habitants de l’assassinat
du duc de Buckingham. Ce qui veut dire que les Rochelais
ne peuvent plus espérer que le duc vienne à leur
secours.
Personne, à La
Rochelle, ne veut croire à cette terrible nouvelle. L’un
des Anglais au service du commandant de la place
reconnaît d’Artagnan, qui se fait appeler Charles de
Castelmore. Il l’identifie comme l’un des quatre
Français incroyablement braves qui ont défendu le
bastion Saint-Gervais.
Son incognito ainsi démasqué, et en dépit du fait qu’il
a dit la vérité à propos de l’assassinat de Buckingham,
d’Artagnan va être pendu le lendemain matin…Mais après
une série de péripéties, il est sauvé par une fille
belle et jeune, Camille de Brissard, la filleule du
commandant de la place (il est intéressant de relever
les initiales des noms: Constance Bonacieux, Camille de
Brissard…).
D’Artagnan revient à Paris, mais sans Planchet et
Grimaud qu’Athos lui avait prêté, ne pouvant croire que
le cardinal n’ourdissait pas quelque traîtrise. Et ces
deux serviteurs n’ont pas eu l’occasion de s’échapper.
Camille de Brissard se réfugie à Tours, avec son
parrain, le cardinal se montrant magnanime avec ses
ennemis. A Paris, d’Artagnan rencontre le comte de
Rochefort, le défie et le blesse en duel. Les deux
hommes se haïssent.
Pendant ce temps, une nouvelle guerre est sur le point
d’éclater avec les Espagnols. Et c’est là qu’apparaît
Aramis, plus mystérieux que jamais. Il se rend à Tours
pour rencontrer son ancienne maîtresse, la duchesse de
Chevreuse, et lui apporter un mystérieux document remis
par les jésuites.
Le cardinal fait arrêter d’Artagnan dans la deuxième
partie de l’ouvrage, D’Artagnan à la Bastille. La
quasi-totalité du volume est consacrée à décrire les
efforts des mousquetaires (y compris Aramis qui aide
Porthos à échapper à la surveillance de sa femme) pour
faire sortir d’Artagnan de la Bastille. Aramis y emploie
son intelligence et ses relations chez les jésuites.
Finalement, d’Artagnan est libéré.
Certes, il est toujours entouré d’ennemis, dont de
Wardes et Rochefort; il est toujours à la recherche de
Camille, dont il est tombé amoureux dans le premier tome
de la série; mais enfin, il est libre.
Le cardinal est stupéfait des capacités des quatre
héros, mais ces derniers se séparent. Athos rentre chez
lui, Aramis retourne à ses mystérieuses occupations,
Porthos se rend auprès de sa femme. Mais les aventures
des quatre amis ne sont pas terminées. L’auteur promet
une suite qui n’a pas encore été publiée.
Les chevaliers du cardinal
Bogdan Sushinsky
EAI-Presss, Donetsk, Ukraine, 1994
Autre oeuvre intéressante: la tétralogie de l’écrivain
ukrainien Bogdan Sushinsky, qui n’est ni une suite, ni
un pastiche, mais un hommage à Dumas et à ses
mousquetaires. Intitulé Les
chevaliers du cardinal, le cycle de quatre romans
comprend:
- A la pointe de l’épée (430 pages)
- La campagne française (479 pages)
- Les bûchers de Flandres (414 pages)
- La manière du guerrier (447 pages)
Ce récit passionnant se déroule en Ukraine, Pologne,
France, Allemagne, Turquie et Grèce. Les événements
historiques liés à la participation de cosaques, sous le
commandement du célèbre Ivan Sirko, à la Guerre de
Trente Ans (1618-1648) du côté de la France fournissent
la base de l’intrigue.
Parmi les principaux personnages figurent Ivan Sirko, le
chef ukrainien Bogdan Khmelnitzky, Anne d’Autriche,
Mazarin, une mystérieuse comtesse de La Fère et, bien
sûr, d’Artagnan, toujours aussi courageux, qui, dans la
réalité, a attaqué Dunkerque aux côtés des cosaques
ukrainiens.
L’intrigue est très complexe: on y trouve de l’amour et
du mysticisme, avec un triangle amoureux incluant un
prince russe, la comtesse de La Fère et une charmante
fille aux pouvoirs divinatoires, Vlasta.
D’Artagnan, le garde du cardinal
Alexander Bushkov
2002
Une intéressante contribution à la saga des
mousquetaires a été réalisée par l’auteursibérien contemporain
Alexander Bushkov. Publié à Krasnoiarsk par Bonus, à
Moscou par Olma-Press et à Saint-Pétersbourg par Neva,
le roman comprend deux volumes sous-titrés «roman-écho»:
- Le provincial dont parlait tout Paris (446
pages)
- L’ombre sur la couronne de France (446 pages)
Ce récit très original présente Athos, Porthos et Aramis
non pas comme des amis de d’Artagnan, mais plutôt comme
des ennemis qui aiment à se faire valoir et à se moquer
des faibles, bref, des gens plutôt désagréables…Le seul
des trois à qui l’auteur conserve un peu de respect est
Athos.
D’Artagnan ne ressemble pas non plus au personnage que
nous connaissons. Il s’intéresse beaucoup à la lecture
(Shakespeare, par exemple), fréquente les libraires,
récite des poèmes, essaye d’écrire lui-même, assiste aux
représentations théâtrales, etc… Ses meilleurs amis sont
Rochefort, Cahusac, de Wardes. D’Artagnan sert le
cardinal dont il est le meilleur agent contre la reine
de France. Il est patriote et réalise que le cardinal
travaille pour le bien du pays. Bien entendu, d’Artagnan
est le meilleur duelliste, seul Athos peut l’égaler.
L’histoire est ainsi
entièrement racontée sous cet angle. Constance Bonacieux
y joue le rôle «habituel» de Milady de Winter. Elle
était l’épouse du comte de Rochefort et d’Artagnan tombe
amoureux d’une autre fille, prénommée Anne. Celle-ci
meurt dans les mêmes circonstances que la Constance de
Dumas. Et les trois amis exécutent Constance comme
Milady l’est dans le roman original.
L’auteur fait figurer Oliver Cromwell parmi ses
personnages et nourrit son roman d’une multitude de
détails véridiques qui témoignent d’une excellente
connaissance de la vie quotidienne en France à cette
époque.
Il est également intéressant de relever que, à la fin du
deuxième volume, d’Artagnan se met à penser que,
peut-être, tout dans sa vie pourrait être différent:
Athos, Porthos et Aramis pourraient être ses amis,
Rochefort et les autres ses ennemis; et il pourrait
servir la reine contre le cardinal. Mais Dieu en a
décidé autrement…
Il serait difficile de classer cet ouvrage comme une
suite, un pastiche ou un hommage. Je le qualifierai,
pour ma part, de «anti-hommage» à l’un des écrivains les
plus appréciés de Russie - Alexandre Dumas.
En avant, marins!
Nina Sorotokina
767 pages
Editions Drofa, 1993
La femme écrivain Nina Sorotokina a produit une
tétralogie qui comprend:
- Trois de l’Ecole de navigation
- Rendez-vous à Pétersbourg
- La chancelier
- La loi des couples
Il s’agit d’un talentueux pastiche de l’histoire des
mousquetaires. L’action se situe à Saint-Pétersbourg au
XVIIème siècle, sous le règne d’Elisabeth, la fille de
Pierre le Grand.
Au coeur du récit figurent trois jeunes et braves
aristocrates, Nikita Olenev, Alexis Korsak et Alexandre
Belov. Tous présentent les caractéristiques des
mousquetaires, il est à peu près impossible de dire qui
est la projection de qui. Ils se battent à l’épée,
voyagent, multiplient les actes de bravoure, sauvent
leur patrie et leur tsarine, sauvent également leurs
fiancées des ennemis (dont un Français).
Ce qui me semble important, c’est qu’ils ont une devise,
tout comme les célèbres quatre mousquetaires: «La vie
pour la patrie, l’honneur pour personne». Ce qui est un
peu plus patriotique que celle des mousquetaires –
encore que ces derniers étaient prêts à donner leur vie
pour la France à tout moment.
Les jeunes diables rouges
Pavel Bliahin
1921
Ce petit roman raconte les aventures de jeunes gens se
battant en 1919 pour le pouvoirsoviétique: Michael,
Duniasha (une fille), et un jeune Chinois, Yu-Yu. Ils se
battent contre le gang du célèbre Nestor Mahno, un
leader anarchiste ayant à sa disposition une véritable
petite armée et ennemi juré du régime soviétique. Et les
héros ont beaucoup de similitudes avec les mousquetaires
de Dumas, même s’ils utilisent des surnoms empruntés à
d’autres romans.
Le livre a été modernisé et développé voici trente ans
par Grigorii Kronih, sous le nom de Les aventures des
insaisissables vengeurs et a donné lieu à une adaptation
réussie au cinéma. On y voit trois garçons et une fille.
L’un d’entre eux est un gitan avec toutes les
caractéristiques qui s’y attachent: il joue de la
guitare, est capable de voler n’importe quoi, est
courageux et habile avec n’importe quel type d’arme, et
particulièrement le couteau.
L’action se déroule la même année, 1919. L’ennemi est le
même, des gangs qui dévalisent les villages. Les rôles
sont plus précisément définis. Daniel est très
clairement Athos, il est sage et il commande les autres.
Ces deniers échangent les rôles de Porthos, Aramis et
d’Artagnan, accomplissent facilement des exploits, sont
parfaitement intrépides et sauvent leur patrie.
Je qualifierai ces livres d’«hommages rouges à Dumas».
Oui, la même Milady
Ulia Galanina
287 pages
Forum, 2005
Ce récit de la bouche de Milady de Winter reprend tous
les événements des Trois mousquetaires de son
point de vue. Il s’agit en fait d’un journal, dans
lequel Milady ne se présente d’ailleurs pas comme une
dame noble et totalement innocente. Mais bien entendu,
elle donne d’elle même une bien meilleure image que
Dumas. Au début, elle n’ambitionne d’être ni un ange ni
un démon, mais tout simplement une épouse aimante. Elle
est follement amoureuse du comte de La Fère. Mais elle
ne peut, en revanche, lui pardonner son «jugement» et
son exécution. C’est donc à cause de son premier mari
qu’elle est devenue par la suite ce que l’on sait. Et ce
n’est qu’ensuite qu’elle recherche la fortune et la
vengeance envers ses ennemis. Tous les mousquetaires
apparaissent dans le récit, ainsi que de Wardes,
Rochefort, Richelieu, le roi et tous les autres
personnages familiers.
Le ton est sarcastique du début à la fin. Bien entendu,
elle ne périt pas de la main du bourreau de Lille. Bien
au contraire, ce dernier la sauve dans la célèbre scène
finale de l’exécution. Car il était amoureux d’elle et,
passant sur l’autre rive, il remplace Milady par le
corps d’une femme préparé à cette intention. Ce qui lui
permet de convaincre les mousquetaires de la mort de la
diablesse. Et Milady peut ainsi vivre jusqu’à un âge
avancé. Le récit s’arrête à la naissance de sa
petite-fille.
Les citations des Trois mousquetaires occupent
beaucoup de place dans le roman. Celui-ci est habilement
écrit et se lit plus facilement que nombre d’autres
imitations.
Le retour des mousquetaires, ou les trésors du
cardinal Mazarin
Anton Markov
447 pages
Vagrius
Ce livre est un roman tiré du film de
Yungvald-Hilkevich. Il s’agit d’un roman d’aventure
comprenant des éléments mystiques. Anne d’Autriche avait
un modeste anneau d’or qui se révèle être magique: c’est
l’anneau d’immortalité. Cet anneau est à l’origine de la
mort des quatre mousquetaires et de Mazarin.
Mais de nouveau, l’honneur d’Anne d’Autriche est menacé,
et ce sont les enfants des mousquetaires qui, comme
leurs pères avant eux, se lancent dans un long et
périlleux voyage pour le sauver une nouvelle fois. Il
leur faut retrouver les trésors du cardinal Mazarin et,
leurs vies étant menacées, il est accordé à leurs pères
la possibilité de venir les aider. Juliette et Léon, les
enfants de Porthos; la fille de d’Artagnan, Jacqueline;
Raoul, le fils d’Athos, et Henri, le fils d’Aramis,
participent à l’aventure. Anne d’Autriche a besoin de
récupérer l’anneau d’immortalité, et cet anneau est en
Angleterre. Du coup, tout recommence, comme jadis avec
leurs pères.
Les quatre mousquetaires reviennent donc du royaume des
morts. Le récit évoque les liens d’amitiés entre leurs
enfants. L’honneur de la reine est sauvé de nouveau et
les mousquetaires retournent au paradis ou au
purgatoire.
Les mousquetaires en Europe de l'Est
Pologne
Trilogie
Henryk Sienkiewicz
1883-1887
Le polonais Henryk Sienkiewicz, lauréat du prix Nobel, a
écrit une trilogie consacrée aux aventures de trois
nobles polonais qui ressemblent remarquablement aux
mousquetaires, une oeuvre qui n’est jamais mentionnée
par la critique.
La trilogie comprend:
- Par le fer et par le feu (Ogniem i Meczem)
- Déluge (Potop)
- Mr. Wolodyjowski (Pan Wolodyjowski)
Wolodyjowski est un bretteur imbattable, tombant
constamment amoureux, d’une bravoure à toute épreuve,
bref, le portrait craché de d’Artagnan. L’énorme
Podbypiatka, tendre, un peu maladroit, incroyablement
gentil, évoque bien sûr Porthos. Quant à Skszetuski,
l’ami idéal, un véritable héros, il s’agit sans conteste
d’Athos.
Tous trois sont engagés dans la défense de la Pologne
contre la Suède, la Russie et la Turquie. Tout cela se
passe au XVIIème siècle, époque glorieuse et
inoubliable. Les personnages historiques sont Jan
Sobesski, futur roi de Pologne, et deux frères, les
princes Radziwill, dont l’un joue le rôle du cardinal
Richelieu.
Il faut également mentionner un autre «Porthos», du nom
de «pan Zagloba», qui est lui aussi l’un des principaux
personnages de la dernière partie de la trilogie.
Tout comme Dumas, Sienkiewicz est devenu célèbre
largement grâce à cette trilogie, qui a été traduite
dans les principales langues de la planète et est encore
très lue.
Quatre tankistes et un chien (Czterej Pancerni i
Pies)
Janusz Przymanowski
Cet écrivain polonais a rendu hommage à Dumas avec ce
roman très connu, qui a été traduit en anglais. L’action
se déroule pendant la Deuxième guerre mondiale.
Constituée loin du pays natal, l’équipe de tankistes
polonais intervient en Pologne, puis jusqu’à Berlin.
Comprenant deux parties, le roman fait référence aux
mousquetaires de Dumas et également, en ce qui concerne
l’humour et certaines situations comiques, au livre de
Jerome K. Jerome Trois hommes dans un bateau. Les
principaux personnages sont le jeune soldat Janek, âgé
de 18 ans (d’Artagnan), l’énorme Gustlik (Porthos) et le
capitaine aristocrate (Athos). Bien entendu, Janek a sa
«Constance», une jeune Russe nommée Marusia. Le roman a
donné lieu à une bonne adaptation cinématographique, qui
a été projetée dans de nombreux pays, dont les
Etats-Unis.
Muszkieter z Itamariki
Michal Rusinek
312 pages
1955
Dans ce roman, ce célèbre auteur polonais raconte la vie
d’un personnage réel, le général Krzysztof Arciszewski,
qui a passé sa vie à courir l’aventure. Né en 1596 et
mort en 1656, il fut un chef des Hollandais au Brésil et
un général de Vladislav IV et Jan Kazimierz. Bon nombre
de ses aventures militaires coïncident avec celles de
d’Artagnan. Ce livre constitue un bel hommage à Dumas.
République tchèque
Trilogie
Vladimir Neff
Neff, un écrivain tchèque connu, a écrit cette trilogie
historique qui comprend:
- Les reines n’ont jamais de jambes (425 pages)
- L’anneau de Borgia (314 pages)
- La belle magicienne (363 pages)
L’action se déroule à la fin du XVIème siècle et au
début du XVIIème, et s’achève durant la guerre de Trente
ans de 1618-1648. Le roman mêle habilement l’aventure,
le mysticisme et la fantaisie.
Le héros principal, Petr Kukan, fils d’un alchimiste de
Prague, s’enfuit de cette ville où sa vie est en danger
(son père à découvert une pierre philosophale). Il se
rend en Italie, en France et en
Turquie. En France, il rencontre les fameux
mousquetaires du capitaine de Tréville qui l’aident à
s’enfuir de la Bastille. Il se bat et cherche sans répit
des aventures, jusqu’à ce qu’il soit arrêté et enfermé
dans l’horrible château d’If (!). Il s’en échappe, mais
pas de la même façon qu’Edmond Dantès.
Finalement, Kukan meurt de la main de son amoureuse,
après avoir connu toutes les aventures possibles. Des
aventures qui, à bien des égards, rappellent celles des
Trois mousquetaires.
Je suis certain qu’il existe bien d’autres romans que je
n’ai pas mentionnés. Du moins
aurai-je peut-être réussi à convaincre le lecteur de
l’essentiel: Dumas n’est pas mort, il vit toujours dans
les livres de ceux qui, à jamais, ont été éblouis par
son génie.
New York, 2005-2009
*Gennady Ulman est né à Odessa, en
Ukraine, alors partie intégrante de l'URSS, en 1948.
Après des études d'anglais à l'Université, il a pratiqué
plusieurs métiers, dont ceux de traducteur,
d'interprète, de professeur d'anglais, etc... Emigré aux
Etats-Unis en 1990, il vit actuellement à New York, où
il enseigne la psychologie et l'anglais. Auteur de
nombreux articles pour des magazines russes et français,
il travaille à la rédaction d'une encyclopédie mondiale
des auteurs de romans d'aventure.
(Traduction: Patrick de Jacquelot)
|