Chapitre IV
La neige devient plus épaisse dès que je quitte la route. Les phares creusent dans la nuit un entonnoir de lumière qui s’évase et faiblit là-bas, au bout de l’allée, jusqu’à la grille ouverte. Les troncs noirs des arbres, les branches noires en dessous, blanches au dessus, des buissons et taillis. L’allée droite et blanche, les deux sillons parallèles et sombres qu’ont tracés les roues de voitures: la terre. Le tronc coupé d’un chêne le long du bois: presque un cercle, noir, fendu vers le coeur, coiffé d’un croissant de neige - trois ou quatre centimètres au plus. La nuit tout autour, à droite, à gauche, au dessus; la nuit noire vaguement éclairée par cette blancheur; la nuit profonde, totale, plus épaisse encore comme je passe en code. Les éclats, les points brillants, la lueur pâle de la neige sous les phares; les pointes d’herbes qui dépassent par endroits, des brindilles tombées, des feuilles mortes redressées par le gel. Ralentir encore, doucement, sans freiner. Glisser presque en silence entre les deux parois d’arbres et de nuit qui se referme au passage. Ronronnement régulier du chauffage. Chaleur sur les pieds, le long des jambes, qui remonte, chaleur trop forte sous le chandail. Presque le silence. Suivre les sillons de terre - pas même des ornières - comme des rails; laisser glisser devant nous, sous nous, abandonner derrière nous la longue bande de neige qui les sépare. Glisser. La bande moins sombre du ciel, devant, là-haut, derrière les hautes branches des platanes et qui descend là-bas, après les lignes courbes et verticales de la grille - sur laquelle semble ouvrir la grille. La bande de neige qui se poursuit au delà de la grille, tandis que les traces de roues tournent à droite. Presque le silence. Presque une clarté, tout autour, après la grille, au sortir de l’allée d’arbres. Chaleur. Les chiens nous ont entendus depuis longtemps, depuis que nous avons quitté la route ils sont sortis de leurs niches et se tiennent en bout de chaîne, vibrants, la courte queue vibrante, les oreilles vibrantes pointées vers nous. Silencieux: ils savent. Coup de phare mobile, tournant, sur le pavillon, la pelouse, le coin de cour où sont les chiens, la haute façade fermée, sombre, de la maison: volets clos, sans lumière. Arrêt progressif, moteur coupé, devant le perron. Arrêt. Silence. Nuit.
Froid. Le double choc du froid sur les chevilles - et qui remonte le long des jambes, sous le pantalon. Froid aux cuisses. Chaleur au dessus, sous le chandail, réserves de chaleur accumulées dans la laine. Marielle est déjà sortie, court dans la neige, salue les chiens qui s’agitent vers elle, dressés sur leurs pattes de derrière, pousse la porte de la cuisine qui grince sur ses gonds: deux fenêtres s’éclairent, deux hauts de fenêtres derrière la haie de lauriers qui longe la façade. Je rassemble les quelques bagages, me hâte, entre à mon tour: Marielle a posé une casserole de lait sur la cuisinière qu’elle allume. Déjà tremblante: elle rabat sur sa poitrine les pans ouverts de son tricot et croise les bras en les tenant, comme pour faire une épaisseur de plus. Elle saute d’un pied sur l’autre, lourdement, fixant les flammes bleues du gaz qui lèchent les bords de la casserole. Je pose les bagages sur la longue table de bois brut, m’approche, lui frotte les épaules et le dos - Merci. Puis: Quel froid! On ne chauffera donc jamais cette baraque? Puis: Vite, le feu dans la chambre!
Quand je redescendrai Marielle sera debout à la même place, tenant d’une main le bol de café au lait fumant, l’autre main tendue, doigts écartés - paume tour à tour vers le haut, le bas, le haut - sur le rond de flammes dont elle aura éloigné la casserole. Buvant, à courtes gorgées, le liquide trop chaud. Un chien grondera en sourdine: j’allumerai la lampe du dehors, sortirai - il fera presque moins froid que dans la cuisine - les trois paires d’yeux brillants, reflétant l’ampoule, me fixeront, mobiles, vibrants comme tout le corps des trois bêtes, comme leurs courtes queues dressées, rapides, vibrant à toute vitesse. Je leur battrai les flancs, vite, à tour de rôle; leur caresserai, très vite, le crâne et le cou, la gorge; leur dirai n’importe quoi. Nous monterons, Marielle devant, courant presque de marche en marche, allumant à mesure les lumières; moi derrière, sautant une marche sur deux, éteignant. Marielle s’accroupira devant le poêle bas, ronflant, déjà rouge là où les bûches touchent le métal; les deux bras, les deux mains tendues; le corps tassé. Je devrai encore défaire le lit, me déshabiller à l’écart de la chaleur qui commence à monter, me couler entre les draps à la place - glacée - de Marielle, ne plus bouger. La réchauffer. Attendre qu’elle me rejoigne (son pyjama bleu à tissu épais, le tricot qu’elle a boutonné par dessus sa veste), s’assoit d’abord puis allonge les jambes, se laisse glisser sur le dos, s’étende à mesure que je recule vers le mur; s’immobilise, recroquevillée, les genoux presque au menton; m’ordonne de me plaquer contre elle - buste sur son dos, jambes pliées sous les siennes; pose ses pieds - glacés - sur les miens: la plante glacée de ses pieds, le drap glacé sous les miens et contre mes jambes, dans mon dos; la chaleur sur ma poitrine, mon ventre, mes cuisses - une chaleur immobile, qui monte. Marielle qui ne bouge pas, ne dit rien - Marielle qui dort.
Qui est levée depuis longtemps. Le soleil est déjà haut si j’en juge par la tache plus claire et lumineuse, presque blanche par endroits, qu’il pose sur le rideau. Le jour passe entre les rideaux et le mur, entre les deux rideaux de chaque fenêtre; par en dessus et en dessous; rebondit sur le plancher, le plafond, le papier à fleurs beiges sur fond crème, se dissout et se perd dans toute la pièce dont aucun recoin ne reste dans l’ombre. Les taches vives, vivantes, prises dans le marbre de la cheminée; les reflets pâles sur l’osier des fauteuils et du guéridon; la transparence qui se joue dans la chemise de nuit de Marielle, jetée sur un dossier.
Fermer les yeux, entrer de nouveau dans mon personnage nocturne; profiter de ce que la sonnerie du réveil n’a pas, comme les autres jours, tout brisé, pour réussir en douceur le passage, reconstituer peu à peu mon corps, ma peau, prendre possession de mes pieds, de mes mains, occuper une à une les volutes de mon cerveau, renouer avec mes idées, mes images familières, ramener peut-être au jour quelque fragment des régions d’où je viens. Rouvrir les yeux que chauffe la lumière. Revenir changé ou redevenir le même. Quelque chose a lieu, quelque chose pourrait avoir lieu là-haut, à l’intérieur, en arrière du nez par où je devrais me glisser pour y voir; quelque chose dont il ne reste déjà plus, sans doute, qu’un souvenir: cette douleur à l’épaule; ou ce voile rouge qui passe, se déchire en silence, s’ouvre sur rien, disparait; et cette réserve de mots que je devine, immobile, compacte sur l’horizon marin - dont nulle phrase ne parvient à s’extraire pour devenir qui je suis.
Rejeter le drap, allumer une cigarette. Marielle doit être dans la cuisine en train d’éplucher des salades ou de parler à Françoise; ou de laver du linge sur l’évier. La porte est ouverte sur le dehors et Fracasse voit Marielle et s’agite en bout de chaîne; ou bien elle a compris que ce n’était pas l’heure et s’est assise, attentive quand même, oreilles pointées au moindre bruit. Gessy et Jabot écoutent aussi, regardent Fracasse, écoutent. A moins qu’ils ne soient détachés et trottent sous la table, entre les chaises, reniflent les tas de bûches et de petit bois. Fracasse s’est approchée de Marielle, se dresse contre sa jambe, quête de la patte une caresse qu’aussitôt Marielle lui donne - et elle lui parle, ou la repousse si elle a quelque chose à faire. Elle sort, crie une courte phrase (que j’entends), va au potager ou tendre du linge sur le fil de fer, derrière les buissons, contre le mur de la cour. D’instinct elle s’est tournée vers le soleil, elle a fermé un instant les yeux. Des taches mauves apparaissent à l’emplacement des yeux, grossissent, s’ordonnent en cercles de plus en plus larges, frangés, mauves, frangés de jaune brillant presque blanc, grossissent immobiles à partir de leurs centres, incessants, irradiant sans cesse leur propre forme vers un périmètre inchangé. Puis se fragmentent, s’éclipsent. Renaissent chacun sous l’apparence d’un cercle petit, intense, mauve intense, que traverse en son centre un trait de lumière: qui s’élargit, s’allonge, atteint aux limites, tourne, vite, de plus en plus vite. S’éteint: le soleil est maintenant juste en face, entre les rideaux mal joints, et me touche, me chauffe, m’éclaire tout à fait.
Dans cinq minutes je serais en bas. Mais plutôt éteindre ma cigarette, me tourner vers le mur, sur le côté, couvrir les chants d’oiseaux par le bruit que fait mon oreille si je la frotte contre le drap. L’ombre bleue du drap sur le drap. Les plis du drap. La ligne de fuite des plis parallèles du drap: jusque là où le drap parvient au bord du lit et tombe, caché, dans cette fente où il n’y a rien à voir, vers le plancher, contre le papier à fleurs de la cloison. Cette fente, cette faille qui mènerait où? Jusqu’aux racines des fleurs? Jusqu’à la poussière tombée des fleurs, au terreau qu’elles deviennent en pourrissant? La fleur se répète en montant et se multiplie sur un plan horizontal, fleurs parallèles qui ont poussé à la même hauteur, exactement, champ de fleurs où rien n’apparaît que les tiges égales, les feuilles pareilles, les mêmes pétales; champ - chant des fleurs donné sur une note aiguë, monotone, haute, en contrepoint de la voix grave du papier; chant - champ de fleurs dressé au bord de la falaise, rouge, où Marielle est assise et se lève en me voyant, et me prend la main, et nous courons au dessus des fleurs vers la mer, vers la ville éclatante au bord de la mer. Marielle rit, rit, le vent de son rire s’enfle et souffle devant nous, courbe les fleurs, les couche; nous foulons des fleurs au passage et j’en cueille une que je mâche, amère, et jette devant moi et le vent s’en empare, le vent rieur, ri, le vent riant de Marielle qui la pousse au large et la pousse, la pose là-bas sur une terrasse de marbre. Marielle court, couverte de fleurs, court en me secouant le bras et rit, court, court, court et s’arrête, ne rit plus: regarde les dômes, les flèches, les toits, les tours de la ville sur la mer. De la ville vide. Marielle immobile, attentive, aux yeux d’eau de mer. La ville derrière laquelle se lève le disque métallique, sonore, du soleil. Marielle sérieuse. Le disque qui grandit, monte, grandit - en plein jour. Marielle qui regarde, regarde, dont les yeux bruns s’emplissent de brassées rouges de fleurs et de fleurs, dont les yeux sont champs de fleurs. Le disque du soleil énorme à présent et qui grandit encore, s’approche, grandit toujours... Marielle qui m’embrasse, me secoue; Marielle sans fleurs. Marielle.
Comme il pleut (des traits parallèles, discontinus, presque blancs devant les arbres et l’herbe, plutôt gris sur fond de nuages lumineux, s’interposant entre le paysage et la fenêtre) et puisqu’il fait du vent (les traits sont obliques, inclinés depuis la droite), Marielle ne sortira pas: elle restera au salon avec les enfants, à parler, à leur faire raconter la classe, les récréations, les disputes, les jeux. J’enfile des bottes de caoutchouc, un vieil imperméable, sors: l’air frappe la joue - l’anime aussitôt, dirait-on, d’une existence particulière, vive - et emmêle déjà les cheveux. Des éclaircies ont lieu à l’ouest, bien au delà des arbres et de l’averse - des plaques bleu pâle au dessus des nuages et dont une est frangée de lumière, de l’éclat des rayons divergents d’un soleil caché. L’eau a foncé les couleurs, les rend plus intenses de près: la pierre du perron, le sable de la cour, l’herbe, les feuilles tombées qui sont plus rouges, plus jaunes, plus brunes. D’autres tournent là-bas à l’orée du bois, dérapent en spirales que dévie et abrège le vent, les feuilles d’un arbre se posent au pied d’un autre. Les ardoises brillantes du pavillon; les gouttes le long des fils, qui s’enflent, se déforment, se gonflent en bas, atteignent le point de rupture; se reforment aussitôt, petites, pâles éclats de lumière déjà grandissants. L’eau qui coule en mince filet au bas de la gouttière et se dissout dans la terre et le sable, aux bords d’une flaque grise. Le fin rideau transparent de la pluie, les fins rideaux successivement tirés jusqu’à de grandes profondeurs, là-bas, sur le bois, jusqu’à l’autre lisière du bois, aux champs et aux prés. Traverser rapidement la cour, passer derrière le pavillon pour que les chiens ne me voient pas et n’explosent brusquement en abois; jeter un coup d’oeil aux paons dans leur cage, aux poules, peut-être aux canards s’ils ne nagent dans un fossé. Marcher dans l’herbe mouillée, sur les feuilles mortes du marronnier, dans l’herbe haute de la pelouse, sur l’herbe courte et les feuilles de platanes et la terre de l’allée; pousser du pied cette branche noire, courbe, morte depuis longtemps mais qui vient de tomber; obliquer dans l’étroit passage entre les ronces et les buissons (chute de gouttes, au passage, sur l’épaule et dans le cou), pénétrer enfin dans le bois en franchissant le grillage.
Pas vu. Seul.
Les chiens ne m’ont pas entendu. Les enfants auxquels j’ai dit, en sortant, que je montais lire dans ma chambre. Marielle qui a souri, mais s’est tue, et ne veut pas sortir.
Ici la pluie devient plutôt un bruit: ce léger bombardement continu là-haut. Et le frottement de l’air contre les branches et les feuilles, l’allongement, l’étirement au maximum des branches dans un sens, et des feuilles au bout des branches, le long des branches; la vibration de ce réseau tendu où se prend la pluie, dont elle retombe en gouttes plus rares mais grossies. Parfois la tension est trop forte, un brusque relâchement se fait et les feuillages se renversent, d’un bloc, les branches se plient à contresens, l’endroit des feuilles apparaît; au dessus, les nuages continuent à glisser dans une même direction. Puis tout l’appareil se remet en place et s’étire encore, se tend, bouche à nouveau des échappées sur le ciel.
Et des feuilles tombent par rafales, se prennent dans d’autres branches, glissent, basculent lentement, décrivant de larges courbes sitôt effacées, se posent en douceur: encore vivantes sur les feuilles rongées, pourries, de l’année précédente. Les bottes y enfoncent puis elles se redressent un peu, respirent. Les mouvements sont ralentis, presque imperceptibles: c’est ici le calme sous l’agitation de là-haut; le silence sous les bruits; la lumière dormante, comme l’eau; la montée immobile des odeurs.
Je regarde en marchant ou arrêté, ou bien ne regarde plus: des amorces de projets, des souvenirs précis, des idées imprévues font par moments du bois une masse confuse, floue, aux nappes colorées striées, griffées en tous sens; ou bien j’entends un bruit de fuite et cherche à voir; ou j’entends que je chante en sourdine; ou j’entends la respiration forcée, accélérée, ralentie, de Marielle: ce sifflement sans fréquence régulière, d’amplitudes variées, parfois presque un râle et parfois le silence. J’écoute, alors, je me penche: elle dort ou du moins repose; ses seins bougent à peine. Ou bien il fait nuit et je demeure immobile, à l’écoute, les yeux grand ouverts sur rien, sans bouger, toute mon attention tendue, tournée vers l’oreille qui est près d’elle - jusqu’à ce que je l’entende, de nouveau. Je referme les yeux. Mais j’ai vu, j’ai eu le temps de voir ces tuyaux, ces poches, ces matières floues et mouvantes où l’air circule; ces grandes réserves sous les côtes, sous les seins, où il s’engage et brûle et s’évacue; ces éponges qu’il imprègne et gonfle; ces courants d’air, ces vents, parfois cette tempête: Marielle se réveille presque, remue, trouve une autre position. J’éprouve mes propres poumons, leur place, rêve leur forme, ils m’oppressent et je respire trop fort; de la fumée de cigarette s’y déplace et je tousse:
- Tu ne dors pas?
Marielle est allongée, toute habillée, sur le dos, un pardessus couvrant ses jambes. Elle regardait le plafond quand je suis entré. Pour que je puisse m’asseoir au bord du lit, elle se pousse.
- J’étais fatiguée... alors je suis venue m’étendre quelques minutes.
Pourtant la joue est rose, de près, les yeux sont mobiles et clairs, leur blanc est blanc. Pas d’étirement à l’excès des courbes du visage. La poitrine s’élève et s’abaisse régulièrement, à peine, sous la laine rose, pelucheuse, du chandail. Marielle en a tiré le col roulé, lâche, vers l’avant, dégageant le cou peut-être pour mieux respirer, pour croire qu’elle allait respirer mieux. Elle me regarde. Je la caresse à travers le chandail, caresse le chandail, la laine douce à la main.
- Viens là.
Elle se pousse un peu plus et je m’allonge. Déjà ses cheveux touchent les miens et son front pèse contre mon cou, son menton sur mon épaule; une main sur ma joue, par en dessous, et l’autre loin sur ma jambe et qui monte et descend, insistante; qui ne bouge plus. Marielle immobile, qui ne dit rien. Une humidité, une chaleur humide sur mon cou, puis une autre, puis au moment où je vais écarter la tête et me tourner pour voir, pour parler, une pression de tous ses membres sur moi et des secousses, des secousses de plus en plus fortes contre moi, mon cou, des spasmes qui se communiquent à mon cou, à mon corps, des spasmes et enfin le bruit qu’elle étouffait, qui l’étouffait, les hoquets durs, secs et l’humidité sur mon cou, les larmes, l’afflux de larmes chaudes sur ma peau.
Pas un mot, surtout; poser simplement ma main sur ses cheveux, les tapoter, attendre; gagner du temps. Le jour faiblit sur le plafond de la chambre et le ciel d’un bleu passé. Marielle s’écarte un instant, respire, colle à nouveau son visage contre moi: les pleurs se sont étalés sur sa joue et mouillent entièrement la mienne. Chaleur, douce chaleur, chaleur humide sur ma joue. Apaisement progressif du corps, des bruits, moindre amplitude des secousses; presque le silence, presque l’immobilité. Ma main qui ne tapote plus ses cheveux mais les caresse, lentement, légère, qui se veut apaisante. Sa main qui me serre. Le brusque retournement de Marielle sur le dos - Ouf, ça y est! - de Marielle qui m’enjambe, me sourit, se tamponne le nez, se penche, m’embrasse.
- Vite!
C’est l’heure de descendre, de rassembler les bagages et de sortir; de mettre en route le chauffage de la voiture, aussitôt; d’agiter la main en signe d’au revoir - aux gens et aux chiens qui vibrent en bout de chaîne; de faire le tour de la pelouse et de franchir la grille. C’est l’heure de suivre les sillons de terre (pas même des ornières) que des roues de voitures ont tracées dans la neige, jusqu’au bout de la grande allée.
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